La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Exploser la forme

Exploser la forme - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre national de la Colline
Légende : Stanislas Nordey CR : Jean-Louis Fernandez

Tristesse animal noir / La Colline / Anja Hilling / mes Stanislas Nordey

Publié le 20 décembre 2012 - N° 205

Il paraissait presque inévitable, qu’après Falk Richter, Stanislas Nordey s’attaque à l’œuvre d’Anja Hilling, jeune auteure allemande, dont l’incandescent Tristesse animal noir confronte l’homme à la catastrophe.

« Le texte pose la question de ce qu’on fait face à l’horreur, et de ce que l’on devient après. »

Face à la mise en scène de Julien Gosselin l’année dernière, je me disais que ce texte proposait de grands défis pour un metteur en scène et qu’il me paraissait fait pour vous…

Stanislas Nordey : J’ai également vu cette mise en scène que j’ai trouvée réussie, avec une grande économie de moyens. Et je me suis dit exactement la même chose ! J’aime beaucoup les textes aux structures complexes, mais, depuis que j’ai monté  Incendies de Mouawad, la question de l’émotion m’intéresse de plus en plus.  Or je me suis dit que ce texte pouvait donner quelque chose d’à la fois intelligent et poignant. J’ai lu toute l’œuvre dramatique d’Anja Hilling et c’est pour moi sa plus belle pièce. Elle arrive, je trouve, à synthétiser dans Tristesse animal noir un certain nombre de questions que les auteurs contemporains se posent autour de la forme.

Comment s’opère cette synthèse pour vous ?

S.N. : La pièce se déroule en trois actes. Le premier voit six bobos inconséquents arriver dans une forêt, où ils fument, boivent, font même un barbecue. Le texte tient essentiellement sur de longues didascalies avec de courtes répliques un peu creuses, à la façon des feuilletons américains. Puis, tout d’un coup, ils sont plongés dans la fournaise, dans ce feu qui va révéler leur humanité et leur lâcheté. Se développe alors un théâtre de la sensation, sous forme d’un récit de la course de chaque personnage, où l’écriture très belle et précise tient de la littérature. Après la catastrophe, troisième acte, on en vient à un théâtre de scènes, plus conventionnel, où chacun tente de se reconstruire.

La difficulté, face à cette écriture très intelligente et bien pensée, tient peut-être dans l’incarnation…

S.N. : Absolument. Face à cette question, une des clés résidait pour moi dans le choix des acteurs. Il me fallait des acteurs qui puissent rentrer dans le cadre de ma recherche et la dépasser. Je suis un formaliste et je demande tout le temps aux acteurs d’être par exemple capables de me désobéir quand je leur dis d’être dans la narration.

Au fond, que raconte ce texte d’Anja Hilling pour vous ?

S.N. : L’incendie dans la forêt, ça peut être le 11 septembre, le tsunami ou simplement la crise économique. Avant la catastrophe, les hommes sont inconséquents, et le texte pose la question de ce qu’on fait face à l’horreur, et de ce que l’on devient après. Avec au milieu, la figure de l’artiste incarnée par Oskar, qui agit comme un double de l’auteur.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Exploser la forme
du vendredi 11 janvier 2013 au samedi 2 février 2013
Théâtre national de la Colline
15 rue Malte-Brun 75020 Paris.

Du 11 janvier au 2 février, du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30. Tél : 01 44 62 52 52.
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