Innocence
Après sa mise en scène d’Agamemnon* en 2011, [...]
Sous la direction de José Pliya, Valentine Krasnochok interprète Du Domaine des murmures, de Carole Martinez, au Théâtre de Poche-Montparnasse. Un monologue « qui convoque ombres et lumières, vivants et morts, épure et musicalité ».
Quelques mois après avoir mis en scène l’une de ses pièces au Théâtre 71 de Malakoff (Cannibales, critique parue dans La Terrasse n° 228 – février 2015), le directeur de la Scène nationale de la Guadeloupe adapte au théâtre Du Domaine des murmures, roman paru en 2011 pour lequel Carole Martinez a obtenu, entre autres distinctions, le Prix Goncourt des lycéens. Seule sur le plateau du Théâtre de Poche-Montparnasse, la jeune comédienne Valentine Krasnochok s’empare des mots et du destin d’Esclarmonde, une adolescente vivant dans la Franche-Comté du XIIème siècle, contrainte par son père d’épouser un homme dont elle ne veut pas partager l’existence. Le jour de ses noces, elle refuse de prononcer le oui sacramentel, se coupe l’oreille et choisit de dédier sa vie à Dieu. Elle sera emmurée vivante dans une cellule adjacente à la chapelle au sein de laquelle elle aurait dû se marier. Mais celle que tout le monde croit vierge donne bientôt naissance à un fils dont les mains sont percées. Il n’en faut pas davantage pour que la recluse soit subitement célébrée comme une sainte…
Une jeune femme qui trouve sa liberté en s’emmurant
« Mon adaptation théâtrale prendra la forme, d’une part, d’une adresse d’une jeune fille-mère de 17 ans à ses pères – le terrestre et le céleste – et, d’autre part, d’une adresse à son fils, explique José Pliya. Elle aura à cœur de leur dire ses vérités et ses secrets, ses choix et ses désirs, ses doutes, ses douleurs, ses espoirs et tout l’amour qu’elle porte en elle. Un amour hors norme. Il s’agit en somme de la prise de parole d’une jeune fille qui, pour être maîtresse de son destin, pose un acte d’une rare radicalité. J’ai travaillé le paradoxe qui veut que ce soit en s’emmurant qu’elle trouve sa liberté. » Au sein d’une scénographie « minérale et organique », le metteur en scène a cherché à faire naître une « parole poétique et concrète, tendue, (…) violente comme une pierre d’angle jetée du fond d’un cachot vers le ciel ». Entre angoisses de l’enfermement et aspirations à l’élévation, Esclarmonde convoque les peurs de l’enfance, les fantômes qui hantent les rêves et les vies. Elle ouvre les portes du « monde des esprits que nous portons dans nos prisons intérieures ».
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h30. Relâche exceptionnelle le 10 mai. Durée de la représentation : 1h15. Tél. : 01 45 44 50 21. www.theatredepoche-montparnasse.com.
Après sa mise en scène d’Agamemnon* en 2011, [...]