Dimanche napalm de Sébastien David mis en scène par Renaud Diligent

Après avoir participé à la grève étudiante québécoise de 2012, que l’histoire retient sous le nom de Printemps Érable, et après avoir tenté de se suicider, le héros du drame se retrouve, en fauteuil roulant, en convalescence dans sa famille où il entame une nouvelle grève : celle de la parole. Cherchant à le faire sortir de son mutisme, chacun des membres du clan, dans cet effort, est amené à dévoiler ce qui, jusqu’alors, avait été passé sous silence. Dressant à cette occasion, un portrait de famille, l’auteur révèle, non sans humour, la face cachée d’une classe moyenne empêtrée dans son mal-être. « La figure de ce jeune homme, étudiant coincé dans un fauteuil roulant après sa participation à un mouvement social, contraint de vivre sa convalescence dans le cercle familial et décidé à ne pas faire usage de sa parole, à rester silencieux comme une espèce de revendication suprême, comme pour signifier que la parole n’a plus de valeur, pour mieux, paradoxalement, lui en conférer une en permettant à ceux qui l’entourent de le réaliser également, m’a bouleversé. Comment l’intime est politique ? c’est la question ». confie le metteur en scène Renaud Diligent.

La mise en jeu du silence  

« Le texte a la dimension d’une parabole. Ce qui se joue dans le silence du principal protagoniste, du fils, tient en haleine, crée le suspens. Ce qui a été passionnant, avec les acteurs, a précisément consisté à travailler cette façon de faire vivre théâtralement ce silence plus fort que les mots, dans les jeux de regards, les gestes, les inflexions de façon subtile pour que tous les points de suspension s’entendent. ». La distribution, strictement fidèle aux six personnages fictionnels imaginés par l’auteur, réunit trois générations d’acteurs sur le plateau. La scénographie minimaliste signée par Emmanuelle Debeusscher est pensée pour faire vivre la pièce autour d’une table, symbole de toute réunion familiale, estrade sur laquelle trône ce fils silencieux, objet de toutes les attentions.

Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens