Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis

©Crédit photo : Véronique Vercheval Légende photo : Dialogue improbable et drôle entre deux « dikkeneke ».

Crédit photo : Véronique Vercheval Légende photo : Dialogue improbable et drôle entre deux « dikkeneke ».

Publié le 10 septembre 2010

Philippe Sireuil met en scène Philippe Jeusette et Fabrice Schillaci interprétant le dialogue improbable et jouissif, irrévérencieux et drôle, entre un « con de maître » et son « con de chien ».

Depuis sa création en octobre 2007, ce spectacle hilarant et touchant a sillonné les routes de Belgique et de France et fête sa deux centième représentation en arrivant au Théâtre du Rond-Point. Occasion à ne pas manquer, donc, pour découvrir cette histoire de « deux grandes gueules avec deux gros cous (deux « dikkeneke » comme on dit à Bruxelles, ou deux hâbleurs comme on dit ailleurs) », selon les mots de Philippe Sireuil, son metteur en scène. Jean-Marie Piemme a imaginé la rencontre détonante entre deux têtes à claques dont l’une les donne et l’autre les reçoit : le premier est portier dans un hôtel de luxe et le second cabriole devant les automobiles, tout à la joie des carambolages. Eloquents, sagaces, roublards, insolents, effrontés, l’homme et la bête se ressemblent en tout : pas étonnant qu’ils deviennent les meilleurs amis du monde ! Surtout si on ajoute que le clébard rapportera sa fille à son papa…

Deux cabots poétiques et clownesques

Philippe Sireuil s’empare avec jubilation de l’écriture à la « férocité salutaire et joyeuse » de Jean-Marie Piemme, qui égratigne le monde et sa bêtise avec un art abouti de la formule et une allégresse verbale épatante, comme seuls savent l’être les vrais aboyeurs misanthropes : sans complètement désespérer de l’humain. Devant la caravane où le portier planque ses blessures, ses regrets et ses remords, le chien et le meilleur ami du chien causent de tout et de rien, comparent les affres de leurs conditions respectives et s’apprivoisent petit à petit. Ceux-là n’ont rien de la naïveté sucrée du Petit Prince et de son renard et pourtant, leur amitié inattendue est aussi solide et aussi chaleureuse que toutes celles auxquelles la littérature a donné ses lettres de noblesse. Philippe Jeusette et Fabrice Schillaci excellent dans ce dialogue gaillard, drôle et enlevé et savourent chaque réplique avec une gourmandise et un plaisir communicatifs. Des costumes aux allures clownesques, des références à l’univers du cirque, une faconde et un abattage épatants, ce qu’il faut d’esprit pour railler sans lourdeur et ce qu’il faut de tendresse pour rire sans cynisme : ce spectacle constitue un sympathique et joyeux moment à savourer avec plaisir.

Catherine Robert

Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis, de Jean-Marie Piemme ; mise en scène de Philippe Sireuil. Du 14 septembre au 10 octobre 2010 à 18h30. Relâche les lundis et le 19 septembre. Théâtre du Rond-Point, 2bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris. Réservations au 01 44 95 98 21.