La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien Bérénice Collet

OPERAS REUNIS : Zanetto et Abu Hassan.

OPERAS REUNIS : Zanetto et Abu Hassan. - Critique sortie Classique / Opéra Herblay Théâtre Roger Barat
Bérénice Collet

Création lyrique / Herblay
Rencontre avec la metteuse en scène Bérénice Collet

Publié le 24 avril 2013 - N° 209

Très marginal à Herblay jusqu’a l’arrivée de Vincent Lasserre au poste de Directeur du Théâtre Roger Barrat, l’opéra est en train de s’installer durablement dans l’offre culturelle de la ville grâce à une équipe juvénile adepte de découvertes. Après l’événement de la première francilienne de Vanessa de Barber en 2012, la metteuse en scène Bérénice Collet et son alter-ego Inaki Encina Oyon, directeur musical, font le choix astucieux d’aimanter deux courts ouvrages en un acte très rares, que tout sépare en apparence : Zanetto de Pietro Mascagni (célèbre pour son Cavalleria Rusticana) et Abu Hassan de Weber.

Cette nouvelle production est votre troisième collaboration avec le Théâtre d’Herblay. Vous avez créé une sorte de petite famille…

Bérénice Collet : L’histoire se construit au fur à mesure des projets, et est née de l’envie de refonder le projet de l’opéra à Herblay, autour d’un trio composé du directeur du Théâtre Roger Barrat, Vincent Lassere, du directeur musical Inaki Encina Oyon et de moi-même. Avec Vanessa de Barber, monté l’an passé et méconnu en France, nous étions partis de l’idée qu’aborder le grand répertoire n’avait pas de sens dans un lieu comme celui-ci. Une complicité s’est installée entre nous et nous avons voulu mettre en place un projet en plusieurs étapes. Notre équipe réalisera quatre productions, celle-ci est la troisième… avant Le Consul de Menotti en 2014.

Vous êtes à la fois metteuse en scène d’opéra et de théâtre…

Bérénice Collet : Oui, je fais vraiment les deux. Je viens de terminer une production de théâtre sur le texte L’infusion de Pauline Sales et prépare un projet sur Cocteau pour un grand théâtre parisien… Je ne veux être rangée dans aucune case. J’ai une formation de comédienne, et mon intérêt pour la mise en scène remonte à très loin. J’ai aussi toujours aimé l’opéra, que j’ai découvert de l’intérieur, depuis les coulisses du Théâtre du Châtelet où je faisais un stage au service  jeune public dans le cadre de mes études. Les directeurs de théâtre Dominique Meyer puis Jean-Luc Choplin m’ont fait confiance et proposé des projets. Cela a commencé avec Le petit ramoneur de Britten au TCE puis le Verfügbar aux enfers de Germaine Tillon au Châtelet…

« Nous avons eu envie d’éveiller la curiosité en réunissant ces deux perles. »

Comment est née l’idée de réunir ces deux ouvrages ?

Bérénice Collet : Fidèles à cette nouvelle ligne directrice d’Herblay d’aborder des ouvrages peu joués par ailleurs, nous avons eu envie d’éveiller la curiosité en réunissant ces deux perles. On dit parfois qu’il y a souvent de bonnes raisons pour expliquer qu’une œuvre soit peu jouée et bien ce n’est pas le cas ici ! La musique est splendide. Zanetto – qui est tout de même monté de temps en temps – n’est pas vraiment un opéra, plutôt une sorte de scène lyrique qui se développe sur un superbe chant, très mélodieux et riche d’une belle poésie. On retrouve là tout le lyrisme de Mascagni… Quant à Abu Hassan, qui sera une totale découverte pour beaucoup, cela correspondait pour moi à une vieille envie. C’est un opéra très drôle et enlevé, porté par une musique pétillante. L’histoire assez étonnante parce que très moderne est construite autour d’un couple qui pourrait être un couple d’aujourd’hui, avec une relation basée à la fois sur la confiance et l’ironie, et confronté au problème très actuel de l’endettement… Les deux œuvres vont être traitées de manière contemporaine, chacune dans une transposition. L’époque sera la même, la nôtre. On a situé Zanetto dans le milieu de l’opéra, et Abu Hassan dans le contexte de l’Amérique des subprimes.

Quelle sera l’articulation entre les deux ouvrages ?

Bérénice Collet : A force de plonger dans ces deux œuvres, on a renoncé à chercher ou créer un lien scénographique. Cela aurait été trop artificiel, trop maniéré. On a pris le parti du contraste en imaginant deux moments très différents coupés par un entracte, avec une première partie très poétique et une deuxième beaucoup plus échevelée et fantaisiste. Le lien sera créé par le personnage masculin de l’insouciant Zanetto, âgé de 18 ans, puis par celui d’Abu Hassan, trentenaire, qui n’a pas non plus très envie de s’embêter avec les contingences… Pour nous, ils pourraient presque être le même personnage.

Quel metteur en scène d’opéra pourriez-vous citer parmi ceux qui vous ont  marquée ?

Bérénice Collet : Robert Carsen, parce qu’esthétiquement c’est sublime, et dramaturgiquement c’est toujours génialement construit – quand il fait des transpositions, c’est toujours en résonance très forte avec l’œuvre -, et parce que sa direction des chanteurs est excellente. Il y a chez Carsen un côté « spectacle parfait » : on en prend plein les yeux, les oreilles et l’esprit.

 

Propos recueillis par Jean Lukas.

A propos de l'événement

Zanetto et Abu Hassan
du dimanche 26 mai 2013 au mardi 28 mai 2013
Théâtre Roger Barat
Place de la Halle 95220 Herblay

Dimanche 26 mai à 16h, mardi 28 mai et samedi 1er juin à 20h. Tél 01 39 97 79 73.   Orchestre-Atelier OstinatO. Direction musicale : Inaki Encina Oyon. Distribution : Mariam Sarkissian, Maria Virginia Savastano, Victor Dahhani, Claudia Galli, Nika Guliashvili et Vincent Byrd Le Sage. Scénographie et costumes : Christophe Ouvrard
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