Le Rond-Point dans le Jardin
Pour la deuxième année consécutive, le [...]
Julie Recoing met en scène et interprète une nouvelle violente et poétique de Roberto Bolaňo. Des putains meurtrières donne la parole à une femme qui choisit un homme au hasard pour le tuer.
« Roberto Bolaňo est connu en France notamment pour 2666 qu’a monté Julien Gosselin. Mais c’est avant tout un poète. Il a écrit également un recueil de nouvelles, Des putains meurtrières, et je monte la nouvelle qui porte le titre du recueil. C’est un texte poétique que je trouve sublimement beau, qui développe une violente parabole à partir du phénomène du bouc émissaire. Un soir à la télé, une femme voit un homme assister à un match de foot. Elle le choisit au hasard parmi les spectateurs, l’attend à la sortie du stade, l’emmène chez elle et fait l’amour avec lui avant de le tuer. C’est un peu comme si elle allait chercher la bête pour expier les péchés de l’homme blanc.
Domination masculine et occidentale
Avant de le tuer, la femme adresse à l’homme un monologue. Je serai seule au micro, mais le film de l’agonie de l’homme créera un second espace. Je souhaite aussi que la musique apporte un discours émotionnel immédiat, elle sera donc très présente. Ce texte très dense ressemble un peu à certains textes d’Angelica Liddell. La domination masculine comme la domination occidentale sont régulièrement remises en cause dans l’œuvre de Bolaňo. On ne sait pas qui est cette femme ni ce qui la motive. En filigrane, elle évoque beaucoup sa solitude et la relation physique qu’elle a avec sa future victime pourrait constituer une chance de s’échapper que l’homme ne sait pas saisir. La langue assez littéraire recèle diverses métaphores et énigmes même si le cours du récit est très clair. C’est une œuvre qui me bouleverse. »
Propos recueillis par Eric Demey
à 20h, le samedi à 17h, relâche le dimanche. Tel : 01 83 75 55 70.
Pour la deuxième année consécutive, le [...]