Olympe et moi de Patrick Mons
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Grégory Gadebois reprend la pièce avec laquelle il a obtenu un Molière en 2014. Avec toujours le même sidérant talent, il incarne Charlie Gordon et son QI en courbe de Gauss… Exceptionnel et jouissif !
La courbe en cloche est la représentation la plus connue de la loi qui porte le nom du célèbre Gauss, dont les travaux exigent un esprit affuté pour être compris. Appliquée à la répartition des capacités intellectuelles, cette courbe a la médiocrité pour sommet : peu de génies et peu d’idiots de part et d’autre. Charlie Gordon commence sa vie parmi les rares représentants de la grande lenteur. Il est choisi pour servir de cobaye à deux chercheurs, Nemur et Strauss, qui l’opèrent pour vérifier la possibilité d’augmenter ses possibilités intellectuelles. A titre de comparaison, on opère également Algernon, la souris témoin. Catapultés brutalement à l’autre extrémité de la courbe, Charlie (devenu grand lecteur des travaux de Gauss) et Algernon (devenue experte en labyrinthe) ne s’en remettront évidemment pas. Rien, puis tout, soudain, puis plus rien… Ainsi va Charlie qui découvre, en même temps que son cerveau gagne en efficacité, que son cœur peut en souffrir…
Leçon d’interprétation !
Après avoir connu un considérable succès public et critique lors de sa création, le spectacle mis en scène par Anne Kessler offre à Grégory Gadebois l’occasion de déployer à nouveau son époustouflante virtuosité. Le texte de Daniel Keyes, adapté en français par Gérald Sibleyras, est émouvant, mais ce n’est pas tant l’histoire racontée qui bouleverse que le brio avec lequel Grégory Gadebois l’interprète. On s’attend évidemment à ce que cette fiction sur l’intelligence augmentée finisse mal, et il est inutile de gloser sur les leçons philosophiques et éthiques de la parabole, tant elles sont simples à comprendre. Mais le suspense tient en haleine le spectateur qui se demande comment le comédien va relever le défi de jouer Charlie en génie après avoir incarné si justement sa version en simplet. Grégory Gadebois interprète cette transformation avec une extraordinaire aisance, bluffant le public qui assiste, médusé, à l’apparition d’un nouveau Charlie à l’intérieur du personnage d’abord campé. Pour parvenir à tenir cette mise en abyme (Gadebois devenu Charlie, devenu Charles – car le diminutif ne sied pas à l’augmenté ! – et redevenu Charlie) sans crispation ni hiatus, il faut avoir un très solide talent. L’évidence est là : Grégory Gadebois se tient à l’extrémité de la courbe de Gauss qui mesure le talent des comédiens, parmi les très rares absolument excellents !
Catherine Robert
Du mardi au samedi à 19h ou 21h. Tél. : 01 42 08 00 32. Durée : 1h20.
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