Phèdre par Robin Renucci : splendeur poétique et intensité émotionnelle
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Une autrice, une metteuse en scène, quatre comédiennes, seize amatrices et des dizaines de personnages féminins, actrices de cinéma ou anonymes, présentes sur le plateau ou décrites, évoquées, remémorées, imaginées. Programmée au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Des femmes qui nagent nous plonge dans des fulgurances climatiques amples et persistantes.
Il s’agit d’un projet au long cours. Une commande passée par la metteuse en scène Emilie Capliez à l’autrice Pauline Peyrade. Cette dernière est artiste associée à la Comédie de Colmar, centre dramatique national que codirige la première, depuis 2019, avec Matthieu Cruciani. Durant deux ans, le texte de Des Femmes qui nagent (édité aux Solitaires Intempestifs) a été élaboré à la faveur d’allers-retours avec le plateau, avant d’être créé à Colmar, le 31 janvier dernier. Sur scène, Odja Llorca, Catherine Morlot, Alma Palacios (en alternance avec Louise Chevillotte) et Léa Sery (membre de la jeune troupe régionale réunie par les CDN de Reims et de Colmar), interprètes aux âges et styles divers, s’emparent de cette partition impressionniste qui rend hommage au cinéma à travers ses actrices et réalisatrices. Lesquelles ? Finalement, peu importe. C’est un mouvement d’ensemble qui vaut. On devine l’identité de certaines. D’autres sont clairement nommées. La plupart participent anonymement, de manière non moins signifiante, à cette rêverie théâtrale qui fait de ses multiples tableaux, des personnages et situations qu’elle dépeint, la matière dense, charnelle et elliptique, permanente, d’une ode aux femmes, plutôt qu’à la féminité.
Quand la pénombre devient pleine lumière
Chacune de ces évocations est unique : concrète et néanmoins fugace, inattendue jusque dans sa simple quotidienneté. Pas question ici de souscrire aux stéréotypes qui enferment les actrices et réduisent l’existence des femmes. On pense bien sûr à Sois belle et tais-toi, documentaire réalisé par Delphine Seyrig dénonçant la condition faite aux comédiennes du 7ème art. Des femmes qui nagent est comme un antidote à ces assignations. Procession de présences kaléidoscopiques au sein d’un décor de salle de cinéma signé Alban Ho Van, la pièce de Pauline Peyrade avance et donne corps à une multitude d’individualités, d’attitudes, de caractères, de sentiments, de regards… Ce cortège n’est d’ailleurs pas uniquement composé de célébrités. Marilyn Monroe, Sigourney Weaver, Marguerite Duras et Romy Schneider laissent la place, en fin de représentation, à des spectatrices de films et une ouvreuse de cinéma. Les atmosphères de pénombre qui nourrissaient jusque-là la mise en scène profondément exigeante d’Emilie Capliez deviennent pleine lumière. Le geste est différent, la force est identique. D’autres femmes deviennent visibles. On les écoute. On les regarde. On continue de se sentir étonnamment proche de qui elles sont.
Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 15h30, relâche le mardi. Durée : 1h45. Spectacle vu le 2 février 2023 à la Comédie de Colmar. Tél. : 01 48 13 70 00. www.tgp.theatregerardphilipe.com
Egalement du 19 au 21 avril 2023 au Centre dramatique national de Reims.
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