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Avignon / 2015 - Entretien Marie-Christine Bordeaux
Marie-Christine Bordeaux, maître de conférences à l’université Stendhal de Grenoble et chercheure au GRESEC (Groupe de Recherche sur les Enjeux de la Communication), souligne les enjeux des politiques publiques pour l’éducation artistique et culturelle.
Quel diagnostic faites-vous de la politique du gouvernement en matière d’EAC (Education artistique et culturelle) ?
Marie-Christine Bordeaux : Sous l’impulsion d’Aurélie Filipetti, le ministère de la Culture en 2013 a tenu parole dans ce domaine. Les efforts se poursuivent cette année, même si les montants ne représentent qu’un faible pourcentage de son budget (à peine 1%). Nous attendons maintenant de voir si et comment le mouvement se prolongera.
Des efforts budgétaires pour quelles réalisations ?
M-C.B. : Les DRAC ont mené avec les autres services de l’État et les collectivités un gros travail de définition des territoires prioritaires en termes d’EAC, des territoires souvent ruraux. Des moyens supplémentaires ont été dirigés vers ces territoires, sur la base de conventions de développement qui commencent à porter leurs fruits. C’est discret, modeste et peu spectaculaire. C’est pourquoi le rôle du ministère de l’Éducation Nationale sera également essentiel. La loi Peillon a mis en place un parcours d’EAC qui garantit un certain nombre de rendez-vous pour l’élève tout au long de son cursus scolaire. Ce parcours n’a pas encore eu d’effets manifestes sur le terrain, mais un tel changement demande du temps pour produire des effets.
Des menaces ? Des perspectives ?
M-C.B. : La mise en place des activités péri-scolaires dans les communes a complètement évacué le parcours d’EAC du débat public, et on ne sait pas encore quel sera le rôle des Régions ni surtout des Départements. On peut aussi questionner le développement du mécénat et du crowdfunding, comme le font la Fondation Total ou le projet Génération(s) Odéon. Le mécénat pourrait être utile pour financer des investissements durables, des formations, des ressources éducatives, plutôt que pour financer des actions ou projets plus ponctuels.
Quels sont les principaux défis à relever pour l’Éducation Nationale ?
M-C.B. : Sans conteste la formation des professeurs. Beaucoup d’enseignants se déclarent incompétents en matière d’EAC car ils n’ont pas de pratique artistique. Or, à l’école, on ne partage pas seulement des savoirs, mais aussi des expériences et des passions. On aime transmettre les rencontres et les pratiques qui nous ont éclairés. La formation continue doit donc offrir de véritables modules pratiques. Par ailleurs, il faudrait davantage reconnaître le travail des enseignants qui s’engagent dans l’EAC, élaborer un référentiel pour la formation à l’EAC, pouvoir attester de leurs compétences dans ce domaine, les préparer au rôle de référent EAC dans les établissements scolaires.
Propos recueillis par Eric Demey
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