La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Dealing with Clair – Claire en affaires

Dealing with Clair – Claire en affaires - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Élisabeth Carecchio Légende photo : Sylvain Maurice met en scène le masque souriant du mal.

Publié le 10 mars 2011 - N° 187

Sylvain Maurice met en scène Claire en affaires, de Martin Crimp. Derrière l’apparente banalité d’une opération immobilière entre bourgeois policés se cachent le mal et la perversité sournoise…

Une jolie maison, un couple jeune, épanoui et gentil, une jeune fille au pair qui s’occupe du bébé, un acheteur élégant et docile prêt à payer cash : la transaction entre Mike et Liz, yuppies sympathiques, et James, quinquagénaire à la recherche d’un pied-à-terre londonien, ne devrait pas poser de problème… Claire, l’agent immobilier chargée de l’affaire, semble avoir plus de difficulté à composer avec ses propres démons (son marasme affectif, l’arrêt de la cigarette et les relations avec sa mère) qu’à réussir à mettre d’accord les parties de cette transaction. Mais, petit à petit, le vernis craque : au fur et à mesure des atermoiements des vendeurs et de l’acheteur, le sourire devient rictus. Mike et Liz, d’abord décidés à vendre leur maison sans profiter de l’envol des prix, se révèlent calculateurs et profiteurs. Egoïstes et narcissiques, ils relèguent la baby-sitter dans une chambre sans fenêtre, lui hurlent l’ordre de s’occuper de l’enfant quand il braille, et passent l’essentiel de leurs conversations dans l’encensement mutuel. James, quant à lui, multiplie les visites pour vérifier l’état des fenêtres, mesurer la maison et tourner autour de Claire comme un python fascinant autour de sa proie. Claire finit par perdre l’équilibre et peut-être la vie dans cette valse élégante et feutrée…
 
Un drame au suspense mal ménagé
 
Sylvain Maurice choisit de servir le texte au plus près de sa volonté de faire surgir l’inquiétude derrière l’apparente banalité des échanges. La scénographie de Marie La Rocca compose un décor simple et sobre, élégant et sans aspérités de mauvais goût. Mais le jeu des comédiens manque de subtilité et installe trop tôt les indices de la détérioration intérieure des protagonistes. Gérard Watkins a des allures de psychopathe égaré dès son entrée en scène, et la pauvre Claire semble bien naïve de ne pas s’apercevoir que, sous le masque, se cache un inquiétant personnage… Sharif Andoura et Sophie Rodrigues, dans une composition d’emblée hystérique et alcoolique de leurs rôles, demeurent également assez monolithiques. Quant à Odja Llorca, elle campe une Claire fantomatique et neurasthénique, dont on suppose sans peine qu’elle peut devenir la victime abusée du méchant qui la traque de rendez-vous en rendez-vous. Si la mise en scène de ce spectacle maîtrise assez bien déplacements et évolution de l’intrigue, on peut regretter une direction d’acteurs un peu floue, qui gagnerait à mieux préciser l’évolution psychologique de ces monstres ordinaires.
 
Catherine Robert


Dealing with Clair – Claire en affaires, de Martin Crimp (texte français de Jean-Pierre Vincent et Frédéric Plain) ; mise en scène de Sylvain Maurice. Du 1er au 5 mars 2011. Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 21h ; jeudi à 19h30. Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, place Jacques-Brel, 78500 Sartrouville. Réservations au 01 30 86 77 79. Le 18 mars à 20h30 au Théâtre de Mâcon, scène nationale. Les 7 et 8 avril à 20h30. La Scène Watteau, place du Théâtre, 94130 Nogent-sur-Marne. Réservations au 01 48 72 94 94. Spectacle vu au Nouveau Théâtre CDN de Besançon et de Franche-Comté. Durée : 1h45.

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