Week-end Bamako
Le temps d’un week-end, la capitale malienne [...]
Après des années et plusieurs albums dédiés au développement au long cours du projet « Ilium » décliné en diverses versions, du quartet au grand ensemble, le pianiste Pierre de Bethmann fait volte face en revenant, à 50 ans, à la formule du trio piano-basse-batterie, qui lui a fait connaître tous les bonheurs (avec Prysm de 1994 à 2001), et à un répertoire dominé par les standards. Il lance pour cela son propre label Alea et signe un premier opus « Essais / volume 1 » qui laisse irradier l’art et le bonheur de jouer d’un groupe composé de Sylvain Romano à la contrebasse et Tony Rabeson à la batterie. Dans un répertoire raffiné, de Herbie Hancock à Gainsbourg en passant par Gabriel Fauré.
« Le trio est une formule qui m’a toujours autant intimidé qu’attiré, pour beaucoup de raisons qui tiennent autant au poids de l’histoire qu’au sentiment de liberté qu’on y éprouve. Retrouver le son du piano, chargé en premier d’exposer des thèmes, d’organiser sur le vif le développement des choses, et évidemment de s’effacer aux moments qui le réclament, tout cela m’a à nouveau fortement attiré. Mais je ne cherchais pas à précipiter les choses. Et en me laissant un peu porter par le hasard des événements, j’ai souhaité répondre à l’enthousiasme extraordinaire de Sylvain et Tony, que j’avais appelés un jour pour un concert de dernière minute. Je crois que le plaisir que nous avons ressenti ce soir-là fut largement au-delà des postures de principe, et des discours un peu convenus qui émergent souvent des expériences ponctuelles. J’ai une immense admiration pour la culture qu’ils portent en eux, autant que pour leur science du swing et d’un certain type de son, disons le plus naturel possible.
Répertoire franco-américain
Nous nous sommes laissés porter par l’amour commun que nous vouons à beaucoup de choses que nous avions écoutées, tout cela sans aucun calcul a priori, ni sur une cohérence de répertoire, ni sur un mode de jeu quelconque. La séance d’enregistrement s’est d’ailleurs déroulée dans le droit fil de cette approche : nous avons beaucoup joué, y compris des compositions que j’avais écrites pour le trio, mais que je n’ai finalement pas retenues, préférant ce répertoire franco-américain quasiment à parts égales. Aujourd’hui beaucoup pensent que l’on ne s’exprime jamais mieux que sur son propre répertoire, sorte de point de passage obligé pour se sentir prendre part à la modernité en marche. Cela fait maintenant près de vingt ans que j’écris des compositions originales, et je n’ai jamais été convaincu par une telle exclusive, bien souvent sourde à la crise profonde que vit l’idée même de modernité. »
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
à 21 h. Tél. 01 40 26 46 60. Places : 25 €.
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