Danse Delhi d’Ivan Viripaev, mise en scène de Gaëlle Hermant

« Ivan Viripaev aime perdre les spectateurs pour mieux renouveler leur écoute et les tenir en haleine. Dans Danse Delhi, il propose sept variations sur la même pièce. Ses personnages, réunis dans une salle d’attente d’hôpital de quartier, apprennent à chaque fois la nouvelle d’une mort. Et à chaque fois, Viripaev répète la même action en la transformant, en nous propulsant dans un nouvel espace-temps. Même s’il s’agit d’un deuil, il crée une comédie avec une belle mécanique de jeu, des quiproquos, des personnages qui ne se comprennent plus, en proie à leurs problèmes, leurs refoulements… L’un des personnages, Catherine, une ex-danseuse de ballet, s’est rendue en Inde, où, sur un marché, elle dit avoir découvert toute la misère du monde. Elle s’est alors brûlée avec un morceau de fer chauffé à blanc pour partager cette douleur.

Le rapport de l’humain à la douleur

A partir de cette situation, elle a créé une danse, Danse Delhi, dont tout le monde parle comme d’un moment sublime. La pièce traite du rapport de l’humain à la douleur, de sa capacité à éprouver de la compassion, et du rôle de l’art dans un tel contexte. Sa construction dramaturgique m’a beaucoup séduite. La dimension intergénérationnelle de cette pièce m’intéresse aussi.  De même que la dimension musicale du texte, écrit comme une véritable partition. Des morceaux de musique créés par  Viviane Hélary viendront ouvrir chacune des sept pièces. L’objectif est de mettre en place pour chaque version une couleur, une rythmique, qui influenceront la suite.  Chaque morceau crée une respiration permettant au spectateur de s’ouvrir à  de nouveaux possibles pour la variation suivante. Sur scène, on modifiera les perspectives au cœur d’un labyrinthe coloré, où les sept personnages, six femmes et un homme, deviendront de plus en plus flous. »

Propos recueillis par Eric Demey.