Emma la clown : la trilogie, le divan, la mort, le vide, grand œuvre clownesque
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Dans « Celle qui ne dit pas a dit », Sarah Pèpe identifie trois relations à la parole chez les femmes. De celle qui dit plus fort que les autres à celle qui ne dit rien, les hiérarchies sont claires. L’autrice et metteuse en scène en dévoile pourtant les mécanismes avec une clairvoyance et une empathie bienvenues, laissant germer l’idée que chacune peut se saisir de la place qu’elle souhaite, à son endroit. Un superbe travail servi par trois lumineuses comédiennes.
Trois femmes, ouvrières dans une usine, se définissent par leur rapport à la parole. La première dit, la seconde dit après les autres, et la dernière ne dit pas. Oui mais voilà, cette segmentation de la parole entraine une certaine position dans l’ordre social, surtout lorsqu’on est ouvrière et qu’il faut sans cesse défendre ses droits. Ainsi, « Celle qui dit », interprétée par Sarah Pèpe en tenue orange fluo, est la leader désignée, qui gueule, qui déborde un peu parfois, mais qui ose coûte que coûte et qui protège. À l’extrême inverse, « Celle qui ne dit pas » se laisse marcher dessus et encaisse : en habits de gris, elle est interprétée par Mayte Perea Lopez. Au centre, toute de vert vêtue, Sonia Georges tempère : elle n’ose jamais dire en premier, mais une fois la machine lancée, vous pouvez compter sur elle. Partant de ce principe de fonctionnement bien huilé, Sarah Pèpe dévoile peu à peu les psychés de ses trois personnages, allégories d’un comportement social féminin, découlant notamment d’une certaine expérience familiale.
Une langue comme une partition musicale
Un jour, « Celle qui ne dit pas » dit au chef ce que les travailleuses redoutaient. Tout s’emballe et les masques tombent. La production, mise en scène habilement par les trois comédiennes qui répètent inlassablement les mêmes gestes, est perturbée. La honte de ne rien dire de l’une remplace la timidité de façade. L’assurance et le courage supposés de l’autre laisse place au trop plein de responsabilités. Se dévoilent alors trois figures féminines qui doutent et qui se mettent à parler, entre elles, de ce qu’elles disent, ou pas. « L’identité par la parole ». Comment passer d’une case à l’autre ? Peut-on dire plus, dire moins ? Sarah Pèpe éclaire formidablement bien ces dimensions avec un regard bienveillant et empathique, montrant que des lignes qui semblent immuables peuvent changer pour le mieux. Dans son texte musical, le verbe dire et ses déclinaisons sonnent comme la note clé d’une partition, lui donnent consistance et relief. D’allitérations en répétitions, que les trois comédiennes tiennent avec succès, une émancipation par la parole prend forme. On adore.
Louise Chevillard
à 14h05, relâche les 8 et 15 juillet. Tel : 04 90 33 89 89. Durée 1h.
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