Festival le Mois Kréyol, une programmation variée autour des cultures créoles et afro-descendantes
Partout en France, en métropole et outre-mer, [...]
Laure Werckmann adapte et interprète le récit autobiographique de l’anthropologue Nastassja Martin, récit fascinant de sa métamorphose après avoir été mordue au visage par un ours.
À mille milles de toute terre habitée, au fin fond du Kamtchatka, sur le massif du Klioutchevskoï, vivent les Evènes et des ours. « Si quelqu’un grimpe jusqu’à mi-chemin du sommet de la montagne, il entendra un rugissement si fort qu’il en devient à peine tolérable. Ceux qui poursuivront l’ascension ne reviendront jamais. Et personne ne saura ce qu’il leur est arrivé sur la montagne. » écrivait, au XVIIIe siècle, le cosaque Atlassov. Autant dire que rares sont les visiteurs de ces contrées reculées… Nastassja Martin y est allée et raconte ce qui lui est arrivé sur la montagne : alors qu’elle menait une enquête chez les nomades de l’Extrême-Orient russe, elle a croisé un ours qui lui a dévoré le visage et la jambe. Le récit suit les quatre saisons de sa transformation : de l’automne dans l’hôpital russe des premiers soins, en passant par l’hiver de la chirurgie maxillo-faciale en France, le retour chez les Evènes au printemps, jusqu’à l’été de l’écriture qui entérine l’acceptation d’être devenue mi-femme, mi-ours. La chair de l’ethnographe devient alors son propre terrain, qu’elle ausculte à la lumière de l’animisme des Evènes.
Soi-même comme un autre
Laure Werckmann calque sa rencontre avec le récit de Nastassja Martin sur celui de l’anthropologue avec le plantigrade, considéré dans de nombreux mythes comme l’autre de l’homme, comme l’explique Michel Pastoureau. La comédienne devient autre, comme son personnage devient ours, par une savante alliance du jeu, du costume (beau travail de Pauline Kieffer) et des perruques et prothèses, réalisées par la toujours géniale Cécile Kretschmar. De même que Nastassja Martin se tient entre les cultures, entre la vie et la mort, entre la rationalité occidentale et les représentations des Evènes, Laure Werckmann est habitée par celle qu’elle incarne, du réalisme d’une conférence inaugurale à des scènes de quasi possession où elle déploie son talent protéiforme. Le théâtre et l’anthropologie, dans leur même interrogation sur l’identité, se font écho de manière féconde et intéressante. La porosité entre les mondes est soutenue par la scénographie d’Angélique Croissant, qui montre comment la connaissance de soi est d’abord enquête sur l’autre, à condition de crever les écrans et les aprioris. Les lumières de Philippe Berthomé et la musique d’Olivier Mellano contribuent également à faire de ce spectacle un passionnant voyage entre les mondes.
Catherine Robert
à 19h et le 15 à 20h. Tél. : 03 89 24 31 78.
Tournée : le 27 janvier 2026 à 14h30 et 20h au Théâtre de la Madeleine, à Troyes ; le 26 mars à 18h et le 27 à 14h et 20h à l’Espace Bernard-Marie-Koltès de Metz ; le 21 mai dans le cadre du festival Les Ephémères, au Diapason, à Vendenheim. Durée : 1h30. À partir de 14 ans. Spectacle vu au Théâtre de la Manufacture, à Nancy.
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