La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien / Bouchra Ouizguen

Corbeaux

Corbeaux - Critique sortie Danse Paris
Crédit portrait : Leila Alaoui Légende : Bouchra Ouizguen chorégraphie une nuée de Corbeaux cet automne en Ile-de-France.

En tournée / chor. Bouchra Ouizguen

Publié le 25 septembre 2016 - N° 247

Qui sont ces femmes, qui traverseront, de leurs présences énigmatiques, des espaces improbables ? Réponse avec la chorégraphe Bouchra Ouizguen.

Qui constitue aujourd’hui le groupe de femmes de Corbeaux ?

Bouchra Ouizguen : C’est le groupe de femmes avec lequel j’ai l’habitude de travailler à Marrakech, accompagné de femmes amateurs avec lesquelles j’ai réalisé des ateliers, pour certaines d’entre elles depuis plusieurs années, au Nouveau Théâtre de Montreuil. Elles connaissaient les autres projets de la compagnie, et elles ont eu envie de rentrer dans cet univers.

En quoi a consisté le travail préparatoire avec elles ?

B. O. : C’était toute la difficulté ! Comment préserver la nature individuelle, la beauté chez chacune ? Peut-être prépare-t-on en ne donnant pas de figure à suivre ? Cela s’est fait au travers du chant, des chants de Marrakech et de sa région, qu’on ne retrouvera cependant pas dans la pièce. Ce qui est intéressant, c’est de développer un langage de travail chanté et dansé qui n’enferme pas, qui n’encadre pas, mais qui puisse permettre de déployer toute la complexité, toute la beauté de chacune, et tout ce qui peut émouvoir.

« La part du lâcher-prise est énorme. »

La transe est-elle un objectif que vous souhaitez atteindre ?

B. O. : Ce n’est pas un mot que j’utilise pendant le travail. J’essaye d’utiliser le silence, ce qui est déjà beaucoup. Ne pas avoir trop d’explications, ne pas se diriger vers un vocabulaire comme le mot transe, faire attention à ce qu’on dit, et simplement laisser faire les choses… Laisser la rencontre avoir lieu, c’est immense ! La part du lâcher-prise est énorme. On n’est pas tous égaux face à ça, et j’ai eu peu de temps pour le travailler. C’est vrai que le choix des femmes s’est fondé sur leur capacité à lâcher prise, à sentir l’autre. Si on n’a pas mal à l’autre, ou joie à l’autre, si on n’arrive pas à le sentir, ce ne sont pas des heures de danse qui vont faire la différence. Le lâcher-prise, c’est une transe !

Comment prenez-vous en compte la dimension de chaque espace ?

B. O. : J’ai choisi les espaces bien en amont, avec l’idée de traverser des espaces qui nous sont difficiles, de nous confronter à quelque chose d’intime, dans un espace qui met en vulnérabilité. Ce sera parfois sismique, et d’autres fois plutôt doux. Des personnes viennent nous voir : le rendez-vous est là dans certains lieux, et pas dans d’autres. Beaucoup plus que d’aller dans un théâtre et de faire un spectacle, c’est cela qui est excitant : c’est traverser une ville, accueillir plusieurs impressions, vivre un spectacle de manière nouvelle, réussie, ou non, avec sa forme de légèreté.

La légèreté n’est pas l’impression qui ressort des images de ces femmes en noir…

B. O. : Il faut aller au-delà de cette impression, au-delà du visible. La pièce est vraiment entre les mains des interprètes. Elle ne se fonde pas sur la technique, elle se fonde sur la voix, le corps, et en cela il y a une légèreté. Cela ne veut pas dire que la pièce est légère. Mais je n’ai pas non plus voulu chercher une symbolique qui serait contraire à la légèreté, j’ai simplement essayé d’aller au plus proche de nous. Ce spectacle est celui qui me correspond le plus, j’ai pris énormément de plaisir à le construire et à le jouer. Il nous permet de prendre la température. C’est presque à chaque fois une création, avec cette impression de le jouer pour la première fois.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Festival d’Automne à Paris
du jeudi 6 octobre 2016 au lundi 17 octobre 2016


Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi, jeudi 6 octobre à 19h. Nouveau Théâtre de Montreuil, samedi 8 octobre à 14h et 19h, Théâtre de Gennevilliers, samedi 15 octobre à 20h30 et dimanche 16 octobre à 15h. Musée du Louvre (Cour Carrée), lundi 17 octobre à 19h. Renseignements : 01 53 45 17 17.

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