Go, go, go, said the bird
Camille Mutel reprend une pièce de 2015, à [...]
La chorégraphe Myriam Gourfink est connue pour ses pièces sans concessions, marquées par une extrême lenteur : un véritable défi pour les interprètes. Sa nouvelle création est un solo chorégraphié pour une danseuse de l’Opéra de Paris.
Rien ne laissait présager qu’une chorégraphe souvent qualifiée de « conceptuelle » travaillerait un jour avec un quadrille de l’Opéra de Paris. Pourtant, il semble que les recherches de Myriam Gourfink, fondées sur la respiration, sur la perception très fine que le danseur doit avoir de son corps, rencontrent avec bonheur la qualité de présence de la danseuse Gwenaëlle Vauthier, que la chorégraphe qualifie de « concentrée, très intériorisée ». Et la virtuosité de la danse classique permet à certaines explorations de la chorégraphe de prendre leur envol, au sens propre. La danse classique, tout en élévation et en équilibres, permet en effet de rendre sensible la verticalité, c’est-à-dire un espace rarement exploité en danse contemporaine. A cette technique à toute épreuve, la chorégraphe lance le défi de l’extrême lenteur : « La technique classique permet de développer certains appuis, de connaître aussi comment les forces s’annulent, par exemple en levant une jambe. On est en équilibre, mais, dans la lenteur qui caractérise mes propositions, le travail de l’équilibre est multiplié par dix. » Quant au spectateur, cette lenteur l’invite à poser un regard neuf sur l’esthétique classique, qu’il n’a jamais l’occasion de voir sous ce jour. La danseuse doit en outre évoluer tout près du public, de façon à ce que ses appuis, sa respiration soient perceptibles.
Mettre en œuvre une sensibilité originale
Comme à son habitude, Myriam Gourfink chorégraphie cette pièce en écrivant une partition, qui met en œuvre un imaginaire du corps particulier. « J’imagine la danseuse dans un cylindre, entourée de quatre « couches » : proche, moyenne, éloignée et très éloignée. Chaque couche est une sorte de bulle élastique. La partition peut par exemple demander à la danseuse de se mouvoir pendant un certain temps dans la couche proche. » Cette partition amène la danseuse à jouer de toutes les nuances des contractions musculaires pour prendre appui sur l’air, suivant des directions précises. Un prolongement dans l’air qui est aussi bien physique que poétique : comme le rappelle la chorégraphe, contrairement au sol, solide et défini, « l’air accompagne quelque chose de l’errance, de la perte de soi, de l’acceptation de ne pas savoir où l’on va ».
Marie Chavanieux
Corbeau, chor. de Myriam Gourfink. Du vendredi 12 au vendredi 19 octobre à 19h (relâche samedi 13 et dimanche 14) au Centre national de la danse, 1 rue Victor-Hugo, Pantin (93). Tél. : 01 41 83 98 98. www.cnd.fr
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