La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

Contre-jour d’Alexander Vantournhout

Contre-jour d’Alexander Vantournhout - Critique sortie Danse Paris Le CENTQUATRE-PARIS
Contre-jour d’Alexander Vantournhout © Bart Grietens

Le Centquatre-Paris / Chor. Alexander Vantournhout

Publié le 18 octobre 2021 - N° 293

Alexander Vantournhout poursuit sa captivante recherche sur le mouvement avec Contre-jour, un opus délicat qui met en scène cinq jeunes femmes en toute sororité.

Avec Contre-jour Alexander Vantournhout, qui n’aime rien plus qu’entremêler les membres de ses interprètes, poursuit sa captivante recherche sur le mouvement. Un mouvement qui a beaucoup à voir avec le contact improvisation cher à Steve Paxton, tant chez lui le geste de l’un provient de celui de l’autre, dans des jeux incessants de poids et contrepoids, d’équilibre et déséquilibre. Sur scène, on est d’abord cueilli par un doux chant argentin déclamé a capella dans un noir total. Dès que le jour se fait, quatre jeunes femmes traversent une large étendue de sable une à une, avec une délicieuse délicatesse, pour rejoindre leur consœur assise sur l’autre versant. Leur marche à quatre pattes, membres largement déployés, pied rejoignant la trace laissée par la main, semble tantôt féline, tantôt arachnéenne.

Une extrême attention à l’autre

Sans presque jamais cesser de se sourire, dans une permanente et extrême attention à l’autre, elles vont explorer de multiples façons d’interagir. Elles marcheront et grimperont l’une sur l’autre, expérimenteront une ronde les emportant du sol à la verticalité, ou se déploieront dans un fascinant éventail s’ouvrant à l’infini. Plus tard, une à une, elles s’emploieront à effacer les marques que leurs congénères continuent de tracer dans le sable. Ces empreintes laissées dans le sol, c’est bien là l’objet de Contre-jour. Comme le rappelle Alexander Vantournhout : « écrire avec des mouvements est le sens premier du mot chorégraphie ». Et si Anne Teresa De Keersmaeker l’avait fait magistralement dans Violin Phase, dessinant de ses pas une sublime rosace, nulle volonté plastique en revanche chez son compatriote. Ces écritures déposées le sont dans le sol meuble comme dans la mémoire du spectateur. L’on retient de notre côté un opus délicat et contemplatif, regorgeant de trouvailles gestuelles, qui joue l’épure et le naturel plus que le spectaculaire, dans une atmosphère apaisante de sororité.

 

Delphine Baffour

A propos de l'événement

Contre-jour
du mercredi 3 novembre 2021 au samedi 6 novembre 2021
Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial, 75019 Paris

à 20h. Tél. 01 53 35 50 00. Durée : 1h05. Spectacle vu en avant-première au Cirque Théâtre d’Elbeuf.

 

Également le 30 novembre au Théâtre d’Arles et le 23 mars au Chorège CDCN, Falaise.

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