Pour un oui ou pour un non
Tropismes et logodrame : Nathalie Sarraute [...]
Avignon / 2013 - Entretien Elsa Bosc et Yaël Elhadad
Elsa Bosc et Yaël Elhadad mettent en scène et interprètent Contractions, de l’auteur britannique Mike Bartlett. Une pièce coup de poing sur la question du harcèlement au travail.
« Mike Bartlett est l’un des auteurs britanniques les plus reconnus de sa génération. Son écriture, apparemment très simple, est en fait très précise, percutante et pleine d’humour. Un humour noir, féroce. Contractions est une partition quasi musicale qui, paradoxalement, offre une grande liberté d’interprétation. Il s’agit d’une formidable matière pour l’acteur, une matière qui parle de l’ingérence du monde du travail dans la vie intime des salariés. Convoquée à plusieurs reprises dans le bureau de sa supérieure hiérarchique, Emma va être soumise à une série d’interrogations sur sa vie privée et sa relation avec l’un de ses collègues. Dans le monde de Contractions, “aucun employé, chef de service ou directeur de l’entreprise ne doit s’engager avec aucun autre employé dans aucune relation, activité ou acte qui soit entièrement, principalement ou partiellement de nature qui puisse être qualifiée de sexuelle ou d’amoureuse, sans en informer au préalable l’entreprise”.
Un face-à-face acéré
Cet article du contrat est le point de départ d’une spirale infernale. Passant de la tragédie à l’absurdité, du rire à l’effroi, on assiste à la mise en œuvre de l’endoctrinement d’un individu au sein d’une entreprise. Bartlett pousse ici la situation jusqu’à l’extrême. Apparaît ainsi en filigrane la question du totalitarisme. Entre ces deux femmes – la manager et Emma – s’installe une relation très complexe de dominante/dominée. La manager est tout entière au service de la bonne marche de l’entreprise. Quant à Emma, elle se retrouve au centre d’un univers nouveau, avec des codes qu’elle essaie de comprendre et d’intégrer. Elle n’en sortira pas indemne… Nous souhaitons faire résonner les multiples strates de cette écriture, et particulièrement son humour. Car c’est bien l’humour qui peut nous sauver de telles situations et permettre à cette pièce de rester dans le domaine de la science-fiction, plutôt que de passer du côté de l’anticipation. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
Tropismes et logodrame : Nathalie Sarraute [...]