Penthésilé•e•s Amazonomachie de Marie Dilasser, mise en scène de Laëtitia Guédon
Dans la lignée de son théâtre indiscipliné, [...]
Avec ce premier seul en scène, le comédien Mehdi-Emmanuel Djaadi, nommé Révélation aux Césars en 2016, joue, de théâtre en théâtre, les prolongations à guichets quasi fermés. Son coming-out, on ne peut plus éloigné des clichés, célébrant la spiritualité dans tous les sens du terme, est une ode touchante à la tolérance.
Le récit de conversions émerveillantes jalonne l’histoire des religions issues du Livre. Mehdi-Emmanuel Djaadi livre, aujourd’hui, la sienne. Un authentique bonheur. Son show, déroutant à de très nombreux égards, raconte sa trajectoire personnelle sur fond de quête spirituelle. Dans une simplicité confondante, avec un sens poussé de l’autodérision, un puissant don d’observation, et une drôlerie naturelle, il expose, sans fard, son cheminement singulier fait « de rencontres dans des milieux aux idéaux opposés ». De musulman né de parents algériens, jeune de banlieue qui a flirté avec le banditisme et connu le banc des juges pour enfants, devenu comédien formé à l’Ecole Supérieure Dramatique de Lausanne, il raconte sa conversion au catholicisme passé par le protestantisme. Le puissant fil rouge de la conversion s’entrelace avec d’autres sujets sociétaux, inflammables s’il en est. En osant mettre en scène ses propres errances et sa propre détermination, Mehdi-Emmanuel Djaadi met également en scène la vigueur du penser par soi-même, ne cédant jamais ni aux sirènes du prosélytisme, ni aux démons de l’exemplarité.
Un bel exercice de style
« Apostat. C’est le nom que je voulais donner à ce spectacle à l’origine. Mais je ne suis pas fou ». La déclaration inaugurale du spectacle donne le ton. Et les rires de la salle qui l’assortissent signalent d’emblée que la méprise peut être écartée. Mehdi-Emmanuel Djaadi n’a rien d’un illuminé. Il est éclairé. Et cet éclairage, qui transpire la bienveillance, n’épargne personne. Surtout pas la communauté catholique qu’il a rejointe. Fidèle à l’adage « qui aime bien, châtie bien », il en brosse un portrait où s’entend la nostalgie d’une autre convivialité fraternelle, simple. Et joyeuse. Par-delà la foi, la joie est au cœur du propos de ce Coming out. Et c’est pourquoi il nous met, tous, « jusqu’à l’athée qui doit se dire ouh là, il est parti loin », simplement, en joie. L’humour, inclusif, appelant à l’autodérision, produit ses bienheureux effets transgressifs mettant à mal, avec grâce, ces préjugés auxquels personne n’échappe.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les jeudis à 20h, les vendredis et samedis à 21 h. Durée : 1h20. Tél : 01 45 22 08 40.
Dans la lignée de son théâtre indiscipliné, [...]