La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Jazz / Musiques

Clyde Wright

Clyde Wright - Critique sortie Jazz / Musiques

Publié le 10 janvier 2008

Everybody knows… Golden Gate Quartet

A 78 ans, et après 57 ans de présence dans le groupe, il est l’âme et la mémoire vivante du Golden Gate Quartet. Ce légendaire quatuor américain a su conquérir une notoriété exceptionnelle dans le monde entier en restant fidèle à un authentique art vocal de son invention mis au service du negro-spriritual et du gospel. Créé en 1934 en Virginie, le Golden Gate se retire de la scène après avoir été parmi les tout premiers artistes américains noirs à s’imposer dans l’Amérique blanche raciste des années 30-50.

Pourquoi vous arrêtez-vous ?

Clyde Wright :
(rires) Après plus de 70 ans de carrière du groupe, je pense qu’on peut laisser la place aux jeunes ! On a déjà fait le tour du monde plus de dix fois. On va prendre deux ans pour le faire une dernière fois et dire au revoir à tous nos amis. Nous avons eu beaucoup de chance d’exister si longtemps. J’ai maintenant 79 ans. Je suis très heureux d’être toujours en forme mais je crois qu’il ne faut pas que j’exagère.
 
Quel est votre sentiment ?

Clyde Wright :
C’est triste et touchant de laisser nos amis dans le monde entier… La décision d’arrêter a été très difficile à prendre. Partout, les gens ressentent notre musique de la même façon, même si souvent le public ne comprend pas ce que l’on chante, quelque chose d’autre passe : le sentiment, le feeling, le rythme, l’expression… Nous n’avons jamais voulu nous engager dans la politique mais on a les yeux et les oreilles ouverts… Comme artistes, nous avons toujours considéré que la meilleure façon d’aider les gens était de faire notre métier le mieux possible.
 
« Cette musique est née d’un mélange de la religion des blancs et des rythmes africains »
 
Avez-vous des regrets ?

Clyde Wright :
Oui. J’ai un très grand regret. (très long silence). C’est une question profonde pour moi, une question qui me met par terre… J’ai beaucoup de regrets car mes copains ne sont plus là. Je suis le seul qui reste. Et je pense à eux. Aux amis du passé, à ceux qui m’ont appris le métier. Et puis il y a des choses qui sont arrivées, des choses dont je ne souhaite plus reparler aujourd’hui. Si nous avons eu nos bons jours, il y a eu aussi, avant, de très mauvais moments. On a été parmi les premiers artistes noirs, le racisme nous a empoisonné la vie.
 
Votre musique a traversé sept décennies en restant fidèle à elle-même…

Clyde Wright :
Nous avons résisté à toutes les modes musicales ! Le rock’n’roll, le blues ou même le rap, en principe, tout cela existe dans notre musique, pas forcément dans la forme que réclame la jeunesse aujourd’hui mais c’est bien là. Nous sommes à la source de beaucoup de musiques modernes qui sont sorties après nous. Toute notre musique est née des negro-spirituals, cette première musique américaine, qui vient des esclaves noirs emmenés d’Afrique pour travailler dans les champs aux Etats-Unis. Au départ, c’est une musique de protestation. Les gens ont eu le droit de protester, non pas radicalement mais religieusement. « Nobody knows… », c’est un message fort. C’est une jolie chanson quand on l’écoute rapidement mais c’est avant tout le cri d’un peuple pour la liberté. Cette musique est née d’un mélange de la religion des blancs et des rythmes africains. Et c’est un mélange que le monde entier a l’air d’accepter. Voilà. C’est la réponse à tout.
 
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec.


Du 5 au 10 février au Casino de Paris (du mardi au samedi à 20h30, samedi et dimanche à 15h). Tél. 08 926 98 926. Places : à partir de 41 €.

A propos de l'événement


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