Troubles du rythme
A l'aube de la création de sa nouvelle pièce, [...]
Vingt-quatre choristes dirigés par Mickaël Phelippeau font résonner une cantate de Bach dans un espace et une choralité d’une magnifique densité.
C’est déjà un régal que ces quatre premières notes, presque cristallines, qui introduisent chaque nouvelle façon de montrer et d’entendre Nicht so traurig nicht so sehr. C’est là tout le principe du spectacle : interpréter la cantate de Bach, ou plutôt en proposer plusieurs versions, en s’amusant des dynamiques internes possibles au sein d’un chœur. Où il est question de l’espace, de la mise en scène, des corps, et des images que l’on peut produire lorsque l’on est vingt-quatre chanteurs lyriques tout de noir vêtus dans un espace dépouillé… Sobriété lorsqu’ils forment un parfait arc de cercle et partagent le même souffle, étonnement lorsqu’il reviennent et qu’on leur a coupé le sifflet !
Chœur multiple pour rencontre unique
Au-delà de la beauté de l’exercice, qui tient beaucoup au choix de l’œuvre de Bach, Mickaël Phelippeau a réussi le challenge de toujours nous surprendre à chaque nouvelle tentative : accélération, rebobinage, effet bande revox paresseuse, playback, décomposition… L’humour (Bach version I will survive, ou en karaoké pour enchaînements de fitness !) laisse aussi la place à de beaux moments de grâce, lorsque les corps s’engagent dans de vrais tableaux vivants ou la tentative de former un collectif qui évolue ensemble, s’agrège et se désagrège dans une délicatesse et une attention portée à l’autre très touchante. Un fois encore, le chorégraphe valorise, ou plutôt magnifie l’Autre, ici démultiplié par les présences des chanteurs de l’ensemble a capella Voix Humaines.
Nathalie Yokel
A l'aube de la création de sa nouvelle pièce, [...]