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Le Théâtre national de l'Odéon met en ligne [...]
Douze comédiennes professionnelles et huit adolescentes amateurs explorent les rapports entre le groupe et l’individu autour du thème du harcèlement. Anne Courel dirige ce chœur original avec enthousiasme.
Comment avez-vous découvert le texte d’Evan Placey ?
Anne Courel : Lorsque je dirigeais le théâtre Théo Argence à Saint-Priest, je me suis particulièrement intéressée à la manière dont les artistes se saisissent d’un territoire et créent un projet original avec ses habitants. Que faire, en particulier, avec les 13-25 ans qui ne mettent pas les pieds au théâtre ? Comment prend-on langue avec ces jeunes ? Comment s’adresser à eux ? Ces questions m’ont conduite à m’intéresser à la question de l’adolescence, et depuis 2015, ma compagnie développe de nombreux projets qui mettent en lien direct des auteurs et des jeunes. A cette occasion, j’ai découvert l’œuvre d’Evan Placey, qui écrit des pièces très justes, en prise avec la réalité, dans une écriture jamais démagogique qui ne répond pas à tout mais s’inscrit dans l’urgence de la parole des ados, en permettant le dialogue entre eux et les adultes.
Que raconte la pièce ?
Anne Courel : On se souvient de cette jeune fille, Amanda Todd, qui s’est tuée après que la photo de ses seins nus a circulé sur les réseaux sociaux. Mais la pièce dépasse le cadre de ce fait divers. Elle propose vingt voix de femmes, c’est-à-dire aussi vingt corps : non seulement c’est un chœur, mais c’est aussi une masse de gens qui se tient devant nous. Je voulais trouver la structure adéquate pour rendre compte de l’énergie que porte ce groupe. Les jeunes gens sont des experts : non pas en théâtre mais en majorité silencieuse et en ressenti. Ils entendent parler d’histoires sordides tous les jours et toujours en se taisant. Ils savent ce que signifie une majorité silencieuse : c’est elle le personnage principal de la pièce et c’est ce rôle-là que je voulais leur donner. Est alors né ce projet de monter la pièce avec douze comédiennes et huit ados amateurs qui ne parlent pas.
Comment trouvez-vous les jeunes amateurs ?
Anne Courel : Je travaille toujours en lien avec les théâtres qui accueillent les représentations. Le groupe change donc à chaque ville. On cherche des ambassadeurs de groupe, pas des comédiennes. MJC, centre social, atelier théâtre de la structure, classe de conservatoire : notre seul critère est que les filles choisies racontent la diversité et aient envie de venir défendre cette histoire de harcèlement. Une fois le projet présenté, le travail est très rapide. Ça prend en cinq minutes ! Quatre services en amont pour rencontrer les comédiennes et elles jouent ! Le but n’est ni d’en faire des vedettes ni de les inquiéter. Le spectacle marche toujours très bien et à la fin, en bord de plateau, tous ont envie de parler du harcèlement. Ce problème se trouve dans tous les groupes sociaux et rien ne permet d’affirmer qu’il soit le seul fait des défavorisés. La violence que ceux qui le subissent prennent dans la figure n’est pas proportionnelle à leur degré de culture ! En plus d’être une très belle aventure de création, ce projet est une superbe et très émouvante rencontre humaine.
Propos recueillis par Catherine Robert
Le 12 mars à 14h30 et le 13 à 20h. Tél. : 01 41 87 20 88. Puis le 17 mars au Zef, scène nationale de Marseille, le 20 mars aux Bords de Scène de Juvisy-sur-Orge ; le 7 avril au Grand Bleu, à Lille ; le 9 avril au Vivat, scène conventionnée d’Armentières ; du 16 au 18 avril à la MC2 de Grenoble et le 28 avril à la salle Jean-Favre de Langres.
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