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Céline Bonacina : TRES GRAVE

Céline Bonacina : TRES GRAVE - Critique sortie Jazz / Musiques Paris Sunset

SAXOPHONE BARYTON / DEUX TRIOS / SUNSET

Publié le 27 janvier 2014 - N° 217

La saxophoniste (baryton) Céline Bonacina a connu une année 2013 euphorique, ponctuée de récompenses. 2014 commence avec une carte blanche au Sunset et devrait être celle de la consécration de cette musicienne adepte du plus grave et imposant des saxophones, portée en particulier par un nouveau trio, avec Michel Benita (contrebasse) et le fabuleux pianiste britannique, à découvrir, Gwilym Simcock.

« Epurer le son du groupe, tout en gardant l’énergie et la dynamique rythmique »

Votre musique semble se raconter principalement en trio, comme prochainement au Sunset avec un programme inédit baptisé « jazz sur mon Ile ». Qu’aimez-vous dans cette formule triangulaire?
Céline Bonacina :
Depuis mon retour de l’Ile de la Réunion en 2005, je me suis produite la plupart du temps en trio saxophone-basse électrique-batterie, ce qui me semblait la meilleure manière de poursuivre mon chemin : épurer le son du groupe, tout en gardant l’énergie et la dynamique rythmique alors indispensable à ma musique. Il se trouve que le trio sous cette forme, ce triangle où chacun est soliste et rythmicien, où l’ensemble est très complémentaire, mais aussi sans filet, m’a tout à fait convenu ! J’ai opté pour le trio sans instrument harmonique afin de tout d’abord explorer d’autres formes d’expression dans mes improvisations, tout en gardant la possibilité de suggérer un espace harmonique plus libre. Pour cela, j’ai ensuite utilisé du matériel électronique (looper, effets…) qui me permet de donner une épaisseur particulière au son du groupe en superposant des voix mélodiques supplémentaires, par touches, sans excès, avec pour souci principal d’être toujours au service de la musique. L’un des avantages que j’ai aussi trouvé dans cette forme de trio est de pouvoir inviter sur scène d’autres instruments (souvent harmoniques pour le coup), comme cela a été le cas ces dernières années avec le vibraphoniste Franck Tortiller ou le guitariste Nguyên Lê. Ou encore en invitant prochainement au Sunset le saxophoniste Alain Debiossat et le guitariste-chanteur malgache Charles Kely. En résumé, j’ai opté pour un trio autonome qui s’enrichit avec bonheur des couleurs apportées par d’autres musiciens…

Le projet « jazz sur mon Ile » fait référence à vos sept années réunionnaises…
Céline Bonacina :
En partant à la Réunion, j’étais loin d’imaginer à quel point cette expérience allait être déterminante pour la suite de ma carrière musicale. L’île offre un métissage musical et humain extraordinaire dans lequel je me suis totalement plongée. J’ai très vite naturellement intégré à ma musique la manière de penser et d’accentuer les rythmiques particulières au maloya et au séga réunionnais. On en retrouve des variantes dans tout l’Océan Indien, notamment à Madagascar, dont la couleur rythmique perdure dans le trio grâce au batteur malgache Hary Ratsimbazafy qu’a rejoint récemment le bassiste martiniquais Olivier Carole – métissage, quand tu nous tiens !…

Votre autre groupe présenté au Sunset permet de « découvrir » le pianiste anglais Gwilym Simcock, encore peu connu en France. Ce trio éclaire un visage plus « jazz contemporain », moins métissé, de votre musique…
Céline Bonacina :
En février, 2013, j’ai eu l’opportunité d’une résidence à l’Amphithéâtre de Lyon et d’essayer de nouvelles formules… Mon producteur et moi-même avions développé des connections avec la scène anglaise et il y avait la possibilité de bénéficier du coup de pouce du programme « Jazzshuttle » de soutien aux rencontres franco-britanniques. Le pianiste Gwilym Simcock est un artiste produit par le label allemand ACT, que j’ai également intégré il y maintenant 3 ans. En découvrant ses enregistrements, j’ai ressenti l’aisance, la solidité et la sensibilité particulières de ce musicien. J’ai invité le contrebassiste Michel Benita à se joindre à l’aventure. Nous avons alors mis en place un répertoire collectif autour de nos compositions. Un son à la fois dense et subtil s’est aussitôt dégagé de ce nouveau trio qui s’oriente vers une musique très acoustique où chacun s’exprime à part égale autour de sonorités engagées tantôt autour d’un jeu complice, enlevé, avec par moments une légère dose d’humour, tantôt autour d’atmosphères plus exploratrices et aériennes. C’est une musique qui appelle une attitude de jeu se rapprochant de la musique de chambre, dont l’intimité m’amène à modeler mon son de manière encore différente. En ce moment, je suis heureuse de multiplier les expériences: je fais également partie du nouveau quintet « Voix Croisées » de Didier Levallet, et j’ai également un projet avec un quatuor à cordes néerlandais…

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec.

Dernier album (sorti début 2013) : « Open Heart » (chez Act).

A propos de l'événement

Céline Bonacina
du vendredi 7 février 2014 au samedi 8 février 2014
Sunset
60 rue des Lombards 75001 Paris

Les 7 et 8 février à 21 h. Tél. 01 40 26 46 60. Places : 18 et 20 €.
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