La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Cécile Tournesol

Cécile Tournesol - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 novembre 2010

Au bord du bord du monde

Cécile Tournesol met en scène Les Echelles de nuages de Dominique Paquet, mêlant le jeu et la manipulation marionnettique pour un voyage initiatique au cœur de la nuit, sur le lit de deux enfants chinois.

Pourquoi avoir choisi de monter cette pièce ?
Cécile Tournesol : C’est l’histoire d’une fugue : deux enfants fuient Pékin pour voir si le monde a un bord. Ce qui m’a séduit dans ce texte, ce sont les grands espaces et les voyages qu’il évoque. Et puis, il y a quelque chose de formidable dans cette quête initiatique. Petits ou grands, on a tous un jour rêvé de fuguer… J’avais lu ce texte il y a plusieurs années et je l’ai retrouvé quand je cherchais un spectacle pour le jeune public qui pourrait voyager avec Homme pour homme de Brecht, que nous montions avec la Compagnie L’art mobile. Et puis, surtout, ce qui me plaît dans ce texte, c’est qu’il est écrit dans une langue dense, en contrepoint avec le jeune public habituel où l’on trouve peu de propositions textuelles. Il y a aujourd’hui une défiance à l’égard du mot. Or, dans cette pièce, on trouve une vraie dramaturgie, des personnages denses, un texte très riche et des thématiques philosophiques et poétiques fortes qui permettent aussi aux adultes de s’y retrouver.
 
Tous les publics sont donc conviés à assister à ce spectacle…
C. T. : Oui, et ce qui a été intéressant à constater, c’est que les très jeunes s’y retrouvent autant que les adultes. Le spectacle est supposé s’adresser aux enfants à partir de sept ans, mais pour l’avoir joué à Villeneuve en Scène, j’ai constaté qu’il était très bien reçu par des enfants plus jeunes avec une qualité d’écoute qui m’a vraiment surprise. Il y a quelque chose d’apaisant dans ce spectacle, un rythme très lent, pas de brutalité, pas d’angoisse : ça m’importait beaucoup. C’est un spectacle qui permet d’échapper au temps frénétique qu’on subit beaucoup et qu’on fait subir aux enfants.
 
« Un spectacle qui permet d’échapper au temps frénétique. »
 
Pourquoi avoir choisi de mêler les marionnettes et le jeu ?
C. T. : Je suis comédienne et metteur en scène par extension. Le croisement et le mélange des langages m’intéressent. Les marionnettes se sont imposées parce que j’avais à la fois envie d’une proposition visuelle forte et de mettre de l’air dans ce texte dense. Les marionnettes à gaine chinoise, tellement mignonnes, toutes petites, très acrobatiques, très vives, peuvent exprimer plein de choses. Mêler les marionnettes et le jeu permet de créer un effet d’échelle et de dialogue et les marionnettes ouvrent des espaces intérieurs oniriques et voyagent très bien dans l’espace scénique.
 
Comment cet espace scénique s’organise-t-il ?
C. T. : Je voulais un espace de castelet et de jeu. Le lit s’est avéré un espace génial. Un lit qui se transforme et devient une jonque, une cabane, un bivouac au cours du voyage. Un lit sur roulettes autour duquel tout se passe. Ce qui peut aussi rendre l’idée que ce voyage est peut-être un voyage immobile dans la chambre, peut-être un jeu, un rêve. Car il n’est question que de cela dans cette pièce : de la création, du jeu et de la liberté qui naît de ce qu’on peut créer.
 
Propos recueillis par Catherine Robert


Les Echelles de nuages, de Dominique Paquet ; mise en scène de Cécile Tournesol. Du 3 au 28 novembre 2010. Mercredi et dimanche à 15h. Le Grand Parquet, 20bis, rue du Département, 75018 Paris. Tél : 01 40 05 01 50.

A propos de l'événement


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