« Rembobiner », nouvelle création du Collectif Marthe à la croisée de questionnements féministes et politiques
La nouvelle création du Collectif Marthe, [...]
Un nouveau monde face à un monde ancien : au Théâtre Déjazet, le metteur en scène Carmelo Agnello dirige Pauline Cheviller, Sébastien Depommier, Gvantsa Lobjanidze et François Marais dans la première version de L’Échange, de Paul Claudel. Une création qui vise à sonder les méandres les plus obscurs de l’âme.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de quitter le champ de l’opéra, au sein duquel vous évoluez habituellement, pour mettre en scène L’Échange de Claudel ?
Carmelo Agnello : J’ai envie de dire que, d’une certaine façon, je ne quitte pas vraiment le champ de l’opéra. Car j’aborde cette œuvre avec tous les outils que j’ai forgés, depuis de nombreuses années, pour l’art lyrique. Il se trouve que L’Échange a une construction particulière. L’utilisation que cette pièce fait de la parole est assez proche de l’opéra. Dans mon travail de direction d’acteur, j’ai accordé une attention particulière à la question de l’intonation, du rythme des phrases. Quand on lit attentivement L’Échange, on s’aperçoit que la façon dont ce texte est écrit oblige à une diction très proche de la déclamation musicale. Cette mise en avant de la musicalité des vers demande, de la part des interprètes, des aptitudes qu’ils n’ont pas l’habitude de mettre en œuvre.
Quelles aptitudes ?
C.A.: La prise en compte de l’intonation, de l’écoute, afin de passer d’un personnage à l’autre en gardant la même note, afin de former une continuité… À la façon d’un quatuor à cordes, je souhaite que les protagonistes de L’Échange créent un propos unique, à travers quatre voix. Marthe, Lechy, Thomas et Louis sont des êtres incomplets qui trouvent leur complémentarité dans l’autre. Ce que l’on doit percevoir, c’est la superposition des voix, des figures, et non l’affirmation d’un personnage au détriment d’un autre.
Pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène la première version de L’Échange plutôt que la seconde ?
C.A.: C’est un projet que j’ai en moi depuis très longtemps. J’ai découvert cette pièce alors que je faisais mes études, lorsque j’avais 20 ans. Claudel est un auteur qui a une acuité de regard tout à fait étonnante, ce qui l’amène à mettre en lumière la violence des relations entre les êtres. Cette violence se retrouve davantage dans la première version, qui date de 1894 (ndlr, la seconde version a été écrite en 1951). C’est pour cela que j’ai choisi de mettre en scène cette version beaucoup plus expérimentale. Dans ce texte premier, le jeune poète qu’est Claudel s’essaie au théâtre, comme il s’essaie à la vie. Plus tard, dans la seconde version, il lissera cette spontanéité, ce côté abrupt, cette rugosité… J’ai tenu à représenter L’Échange dans son intégralité, sans effectuer de coupure. Pour moi, l’œuvre écrite est sacrée. C’est au metteur en scène de s’adapter au texte, de le comprendre, de se poser les bonnes questions pour parvenir à le restituer dans toute sa cohérence, dans toute sa fluidité.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Les samedis et les lundis à 19h, les dimanches à 15h. Tél. : 01 48 87 52 55. Durée : 2h45
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