Une cérémonie, écriture et mise en scène du Raoul Collectif
Avec ce troisième opus, le Raoul Collectif [...]
Un ciné-concert amoureusement concocté par Mathieu Bauer et les siens, qui permet de (re)découvrir La Croisière du Navigator de Buster Keaton, chef-d’œuvre du burlesque d’une merveilleuse poésie.
Si Buster Keaton, surnommé « l’homme qui ne riait jamais » ou « le visage de marbre », demeure connu pour ses incroyables cascades et son visage impassible, ses films le sont moins que ceux de Charlie Chaplin. Et pourtant… quelle maestria et quel génie dans ceux-ci ! Ce ciné-concert a donc en premier lieu le mérite de nous faire (re)découvrir l’un de ses chefs-d’œuvre, en nous faisant partager l’émerveillement de Mathieu Bauer : « Ses films ont toujours suscité en moi à la fois un plaisir enfantin de spectateur et l’admiration face à l’immense cinéaste et artiste qu’il était. » Voguant dans l’immensité de l’océan à bord du Buford, vieux paquebot promis au rebut que Buster Keaton investit pour bâtir son film, La Croisière du Navigator (1924) met en scène le périple mouvementé de deux uniques passagers (Buster Keaton et Kathryn McGuire). Deux tourtereaux qui ne reconnaîtront leur amour qu’à la fin, et traversent avant cela de phénoménales péripéties, pour se nourrir, dormir en paix, etc. L’arrivée sur une île peuplée de cannibales parachève leurs difficultés et les contraint à une fuite éperdue. Hilarants et hallucinants de précision, habitant le vaste espace du paquebot de manière millimétrée et loufoque, les gags se multiplient avec un sens du burlesque si absurde et si inattendu qu’il en devient poétique. Et parfois mélancolique, tant le monde lui échappe.
Un cinéaste géomètre et poète
Qu’il soit en scaphandre, au fond des mers bataillant contre un espadon de pacotille ou sur la mer lorsqu’il se transforme en canot de sauvetage, dans une cuisine où tous les ustensiles sont détournés, dans une couchette où un portrait devient par un fabuleux « hasard » menace, sur le pont où les rencontres fracassantes entre le couple tiennent du miracle, Buster Keaton surprend et enchante à chaque instant. Trois musiciens en contrebas accompagnent le film d’une bande son originale bien frappée : Sylvain Cartigny, guitare et harmonium, Lawrence Williams, saxophone et chant, Mathieu Bauer, batterie et trompette, sont unis par un plaisir partagé et communicatif. Plaisant quoique anecdotique, un circassien acrobate et funambule à jardin (Alexandre Sidoroff) fait écho à la silhouette de Buster et rappelle aussi que la notion de danger est une donnée constante. Au second plan, Stéphane Goudet, conférencier historien du cinéma et directeur du cinéma voisin Le Méliès à Montreuil, décrypte par ses digressions le travail de Buster Keaton. « Le privilège qu’accorde Keaton aux plans larges a pour corollaires un travail magnifique sur la profondeur de champ et une rigueur exemplaire dans la composition des images ». Belle idée que cet hommage collectif…
Agnès Santi
Du mardi au samedi à 20h, sauf les 18 et 25 septembre à 18h et le 8 octobre à 21h. Tél. : 01 48 70 48 90.
Avec ce troisième opus, le Raoul Collectif [...]
Charles Tordjman met en scène sa remarquable [...]
Animée par l’esprit de troupe, la compagnie [...]