La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Bureau national des Allogènes

<p>Bureau national des Allogènes</p> - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Christian Berthelot Légende photo : Mr et Mme Smith devant leur coquet cottage

Publié le 10 avril 2007

Une mise en scène sophistiquée de la pièce du Belge Stanislas Cotton par
Vincent Goethals. Un sujet rude et actuel, la prétendue régularisation des
sans-papiers dans nos pays d’Europe.

C’est une fantaisie grave, une farce acidulée, un rêve cauchemardesque
voguant entre un ciel surréaliste et des terres rabelaisiennes, Bureau des
Allogènes
de Stanislas Cotton n?y va pas par quatre chemins en
traitant du brûlot de nos temps modernes, l’épreuve humaine des personnes
déplacées, délocalisées, immigrées. Des bureaux de régularisation des
sans-papiers avaient été institués en Belgique en 99, une vaste
fanfaronnade, un coup de couteau dans l’eau médiatique. Marocains, Chinois,
Chiliens, Philippins, Égyptiens, Vietnamiens, tous sont traités plus ou moins
bien par des fonctionnaires ? Hommes du Nord – dont on ne sait s’ils ont du c’ur
face à ces Autres sans Feu ni Lieu. L’un de ceux-là, Rigobert Rigodon, vit mal
les mauvaises inclinations de son âme : « On n?est pas raciste Mais on sait
qu’on est plus malin Nous On est du gratin Des types bien Et des filles Du
gratin du monde Nous
 ».

Nul bon nul méchant, plutôt un cocktail humain bien frappé

Et l’un de ceux-ci, un allogène d’origine africaine, fait allusion à la
guerre, au meurtre et à ses terres abandonnées. C’est un marcheur qui ne possède
plus que ce point à l’horizon vers lequel il s’avance : « Je viens demander
si en tant qu’être humain, je peux rester ici.
 » Mais chez ces deux
partenaires improbables et obligés, nul bon nul méchant, plutôt un cocktail
humain bien frappé de bassesse et de grandeur mêlées. La représentation
théâtrale de ce mal social ne se résout pas en invectives politiques, jetées
conventionnellement à la figure du spectateur, elle passe plus subtilement par
l’écriture poétique et onirique de Cotton et par l’art scénique de Vincent
Goethals. Après le monologue de Baptiste Roussillon, le Blanc ? pantin céleste,
volubile et baroque entre vie et mort? s’enchaîne celui de Tadié Tuéné, le Noir
? homme vrai, digne et terrien sur sa parcelle d’existence. De l’un à l’autre,
le chant grave et mélancolique des douleurs tues et des bonheurs disparus, la
belle voix de Solo Gomez. Un duo mi-ange mi-démon, un bonheur.

Véronique Hotte

Bureau national des Allogènes

De Stanislas Cotton, mise en scène de Vincent Goethals, du mardi au samedi à
20h30, dimanche à 16h ? relâche exceptionnelle 8 avril – jusqu’au 12 avril 2007
à L’Idéal 19, rue Des Champs, Tourcoing /Théâtre du Nord. Tournée en cours.

A propos de l'événement


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