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Classique / Opéra - Entretien

Bruno Fontaine, l’âge de la mixité

Bruno Fontaine, l’âge de la mixité - Critique sortie Classique / Opéra
(© Eric MANAS)

Publié le 10 mars 2009

« La musique de Bernstein raconte toujours quelque chose »

Le pianiste Bruno Fontaine – également compositeur et chef d’orchestre – interprète la Deuxième Symphonie « L’Âge de l’anxiété » de Leonard Bernstein en compagnie de l’Orchestre Lamoureux dirigé par Yutaka Sado. L’œuvre, toute en variation et d’influences mélangées, convient bien à ce musicien éclectique.

À quand remonte votre rencontre avec la musique de Leonard Bernstein ?
 
Bruno Fontaine : J’ai découvert très tôt la musique de Bernstein, avant même de le connaître comme chef d’orchestre. Il représente pour moi l’accomplissement idéal d’une carrière de musicien. En revanche, je n’ai joué la Deuxième Symphonie pour la première fois qu’en novembre dernier, à l’occasion d’une tournée avec Yutaka Sado. C’est d’abord une formidable occasion, pour un pianiste, de pouvoir jouer du Bernstein car il a finalement peu écrit pour le piano, qui était pourtant son instrument. D’ailleurs, il ne faut pas s’y tromper : si l’œuvre s’appelle symphonie, elle a bien l’allure d’un concerto, avec une partie soliste très importante. C’est une œuvre passionnante, qui rassemble de manière idéale les influences qui étaient celles de Bernstein. L’écriture y est proche de Prokofiev, très rythmique, avec beaucoup de lyrisme – on pourrait aussi la rapprocher du Rachmaninov des Variations Paganini.
 
 
 « A chaque interprétation, je ressens quelque chose de différent, sans doute en raison de cette écriture toute en variations qui plonge l’interprète dans un constant état créatif.»
 
 
Bernstein parle toujours de théâtralité à propos de ses œuvres. Est-ce une dimension que vous retrouvez dans L’Âge de l’anxiété ?
 
B.F. : Bernstein a construit la Deuxième Symphonie comme ses œuvres théâtrales. Sa musique raconte toujours quelque chose et c’est de cette manière que j’ai envie de la jouer. Bien sûr, j’ai essayé de garder en tête ce qui a inspiré le compositeur, à commencer par le poème de W. H. Auden, mais à chaque interprétation, je ressens quelque chose de différent, sans doute en raison de cette écriture toute en variations qui plonge l’interprète dans un constant état créatif.
 
L’œuvre donne souvent, notamment dans la deuxième partie, l’impression d’être improvisée. Cela n’est sans doute pas pour vous déplaire…
 
B.F. : C’est une des grandes réussites de Bernstein. On pourrait parler d’une sorte de be-bop symphonique, avec cette main droite sautillante, qui est tout à fait dans la lignée de l’improvisation jazzistique. La difficulté ici n’est pas tant l’extrême vivacité du tempo que le rythme et la distance que le piano doit prendre avec les percussions. Cette deuxième partie est vraiment vertigineuse : après ce mouvement (Le Masque), on a vraiment l’impression d’être sur le point de basculer.
 
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun


Au programme également, la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski.
Dimanche 22 mars à 17h au Théâtre des Champs-Élysées. Tél. 01 49 52 50 50. Places : 7 à 42 €.

A propos de l'événement


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