Le TNS voyage dans le Sud avec Caroline Guiela Nguyen, Stanislas Nordey et Jean-Louis Martinelli.
Trois figures du Théâtre national de [...]
La terre battue d’une piste de cirque. L’une des héroïnes les plus connues de la littérature. Une troupe de remarquables interprètes. Une mise en scène joyeuse, inventive, libre… Avec Bovary Madame, Christophe Honoré fait flèche de tout bois pour transposer au théâtre le destin d’Emma Bovary. Une surprenante immersion dans la matière d’une vie de roman.
Et si, contrairement à l’issue du roman dont elle est le personnage éponyme, Madame Bovary avait décidé de ne pas mourir. Si elle avait pris la fuite, avait quitté sa maison de Yonville et demandé refuge à une troupe de circassiens qui, trop contents d’exploiter la célébrité scandaleuse de cette femme aux rêves toujours vivants, l’avaient convaincue de partir sur les routes avec eux pour donner son histoire en spectacle. C’est ce qu’imagine Christophe Honoré dans Bovary Madame (texte publié aux Solitaires Intempestifs), une proposition bigarrée et hardie, à la fois brillante et parfois mal peignée, qui traverse l’existence de l’héroïne en revisitant certains motifs emblématiques du roman de Gustave Flaubert. On retrouve, entre autres, le bal du marquis d’Andervilliers, les festivités des comices agricoles, la scène de l’opéra, celle du fiacre… Ce parcours aux accents protéiformes — entre cirque, théâtre et vidéo ; entre burlesque, lyrisme et mélancolie — extirpe Emma Bovary de sa soumission d’objet littéraire, non seulement en lui permettant d’éclairer de son propre regard la vie de roman qui est la sienne, mais également en lui offrant la possibilité de s’émanciper pour s’inventer une autre vie. Une vie de théâtre.
Ludivine Sagnier, une Emma Bovary qui s’échappe
Ce procédé de mise en abyme à dimensions multiples donne lieu à d’intéressants jeux de miroirs. Au sein des espaces variés que déploie la scénographie de Thibaut Fack, les talentueux interprètes de ce spectacle débridé manient avec aisance l’art de l’excès, comme celui de l’ellipse. Leurs débordements de tous ordres confèrent à la représentation, là des allures de fête foraine, là des allures de performance gore ou de scène de peep show. Ils témoignent de l’esprit de franche liberté avec lequel Christophe Honoré traite son sujet. Au centre de la distribution, on trouve Ludivine Sagnier qui incarne une Emma Bovary d’une sensibilité très touchante. On trouve aussi Marlène Saldana, Madame Loyale magistrale qui mène à la baguette sa troupe de circassiens (Harrison Arevalo, Jean-Charles Clichet, Julien Honoré, Davide Rao, Stéphane Roger). Drôle, vive, résolument généreuse, cette vision intrépide de Madame Bovary ne s’installe jamais dans un registre ou un autre. Sur des airs de Donizetti ou Moussorgski, des chansons de Nicole Croisille, Joe Dassin ou Michel Sardou, elle fait des pas de côté, ne cesse de rebondir et de se réinventer, sur le plateau comme sur écran, affirmant l’inspiration d’un geste théâtral qui dépasse, de loin, ses facétieuses exubérances.
Manuel Piolat Soleymat
à 19h30. Durée : 2h25
Tel. : 01 60 91 65 65
https://www.scenenationale-essonne.com/saison/bovary-madame
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