BLICK BLASSY

Bientôt vingt-cinq ans que Blick Blassy a commencé sa carrière au Cameroun. Le natif de Yaoundé y débute avec The Jazz Crew, puis comme guitariste de Macase. Avec ce groupe, qui métisse musiques locales et soul jazz, il signe Etam en 1999, puis trois ans plus tard Doulou, largement plébiscité. C’est le moment où Blick Blassy choisit de tracer sa voie. En 2005, il déménage en France, où il amorce une carrière solo. « Je sais où je vais. J’essaie toujours de me projeter et je me donne les moyens pour que cette projection se réalise », déclara un jour Blick Blassy. Deux ans plus tard, il est finaliste du Prix Découvertes RFI. Il enchaîne par Léman puis Hongo Calling qui confirme toute la grâce de son univers, te(i)nté par le soul jazz.

Du moins en mieux

C’est plutôt du côté du Sud que le chanteur camerounais s’en est allé pour son nouvel album, Yi i Nkon Blues, soit « le blues de l’appel à l’éducation ». Pour ce disque, il puise son influence sur les rives du Mississippi, une ambiance entre deux eaux, composée à l’ancienne, sur une guitare électrique. Et si la musique du génial Skip James coule dans son flow, il flotte aussi une douce ambiance de brousse. Il fait passer émotion et messages sans forcer, sculptant ses chansons comme autant de perles taillées précieusement. Poursuivant le cap de ses précédents recueils, où il inscrivait déjà son pas dans celui de la diaspora « afro », il choisit cette fois d’élaguer, de garder juste l’essence, sans doute pour encore plus porter sa voix, définitivement différente.

Jacques Denis