La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Blablabla

Blablabla - Critique sortie Théâtre Paris Centre Pompidou
Crédit : Martin Argyroglo

Centre Pompidou / Théâtre Paul Éluard / T2G / de Joris Lacoste / mes Emmanuelle Lafon

Publié le 24 octobre 2017 - N° 259

Pour la première fois depuis 2007, le projet collectif l’Encyclopédie de la parole s’intéresse à l’univers sonore des enfants. Portée par Armelle Dousset, Blablabla est une performance physique et vocale d’une précision et d’une intelligence qui s’adressent à chacun.

Assise en lotus sur une petite estrade posée au centre du plateau, penchée sur une tablette numérique où s’affichent de grosses icônes colorées, Armelle Dousset a tout d’une geek absorbée par son activité favorite. L’écoute de sons piochés ici et là. Au hasard du net. Tignasse savamment déstructurée, tenue aussi voyante que son écran, la jeune comédienne, musicienne et danseuse suscite en effet d’emblée une forme de reconnaissance. Créé en octobre au Théâtre Paris-Villette dans le cadre du Festival d’Automne, Blablabla se distingue ainsi au premier coup d’œil des autres créations dérivées de l’Encyclopédie de la parole, projet porté par des artistes, ethnographes et réalisateurs de radio. Alors que les trois Suites ou encore Parlement (2009), conçus par Joris Lacoste à partir de l’imposant corpus sonore de l’Encyclopédie entièrement mis en ligne (www.encyclopediedelaparole.org), témoignent d’un refus de toute théâtralité classique, ce nouveau chapitre propose un univers cohérent et ludique. Si la parole est encore centrale dans Blablabla, elle s’inscrit dans une partition très physique, souvent à la limite de la danse. Dans un discours transformiste qui permet à Armelle Dousset de déployer ses talents multiples et de s’adresser à tous. Avec priorité aux enfants.

Le monde à oreilles d’enfant

Bulletin météo, répliques de super-héros et de monstres de séries télé, consignes scolaires ou encore morceau de rap… En grande partie collectés pour l’occasion par plusieurs membres du collectif, les matériaux sonores dont s’empare l’interprète donnent à approcher l’univers sonore des plus petits. Ce qui ne peut qu’intéresser les plus grands, auteurs principaux de ce paysage qui se révèle vite cacophonique. Tout en contrastes, voire en contradictions. En fantaisie et en violence. En injonctions à l’obéissance et à l’insoumission. Aidée par un dispositif sonore mis au point par l’Ircam et mise en scène par Emmanuelle Lafon, Armelle Dousset rend palpable la grande diversité de ce qui arrive aux oreilles des enfants. Cela sans plus de commentaires que dans les pièces précédentes de l’Encyclopédie de la parole. Avec seulement des procédés de montage un peu plus apparents mais guère moins subtils. Peut-être plus utiles encore aux adultes qu’aux enfants, davantage familiers que les premiers des références brassées avec aisance par la comédienne, ces coutures produisent en effet une drôle de poétique du rapiéçage. Un singulier patchwork qui incite les plus jeunes à l’interprétation des multiples signaux reçus, et les plus âgés à un accompagnement éclairé. Rarement bavardage aura été aussi intelligent.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Blablabla
du mercredi 8 novembre 2017 au samedi 9 décembre 2017
Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris, France

Mercredi et vendredi à 19h, samedi à 15h et 19h. Tel : 01 53 45 17 17.

Également au Théâtre Paul Éluard de Choisy-le-Roi du 26 au 28 novembre 2017 et au T2G – Théâtre de Gennevilliers du 4 au 9 décembre. Dans le cadre du Festival d’Automne.

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