Bertrand Bossard revient avec Incredibly Incroyable 2.0

Cette recréation d’Incredibly Incroyable, dont l’ajout du « 2.0 » dans le titre fait explicitement état, réactualise le stand up comique avec lequel le comédien Bertrand Bossard décidait, il y a une vingtaine d’années, de donner libre cours à son goût pour le comique. Et l’humour britannique.  L’actualité du Brexit l’a conduit à renouveler l’intention qui, déjà, sous-tendait la création initiale : « dire aux Anglais qu’on les aime ». La déclaration d’amour se lit d’abord dans le choix du genre humoristique inventé Outre-Manche : un seul en scène, sans décor et sans accessoires, en forme de badinage bouffon, où l’artiste, jonglant avec des sujets d’imagination ou d’actualité et maniant l’art de la blague, joue avec le public en livrant l’impression d’une improvisation constante. À ce jeu, l’acteur, connu pour être distribué dans des rôles « sérieux » et des pièces réputées « difficiles », prend visiblement un énorme plaisir. Sautant « from one subject to another » – en bon français nous dirions « du coq à l’âne » -, Bertrand Bossard nous amène drôlement loin, au fil d’un spectacle en anglais non-surtitré mais à la portée de tous.

Un script épique et cocasse

Un petit film, qui plante le contexte « brexitien » de la réactualisation du one-man-show, prépare désormais l’entrée en scène du « stand-upper ». D’une histoire plus abracadabrantesque à une autre, les sketches digressifs s’enchaînent. L’épopée cocasse à laquelle nous invite Bertrand Bossard, qui ne recule devant rien en multipliant les interactions avec le public, défie l’imagination. On ne saurait tout retenir tant les nombreux personnages – et animaux – qui s’invitent sur le plateau nous saisissent dans un tourbillon d’évocations que le titre donné au spectacle met au défi. A titre d’exemples : une rencontre avec Dieu, un coup de fil à la Reine d’Angleterre, une passe d’arme avec le mime Marceau. Le script qui nous transporte dans l’espace et dans le temps nous conduit du palais des Tsars à Wall Street, de la guerre de Troie à une boucherie triperie française. Les amateurs du genre apprécieront ces sauts de carpe servis par les mimes et mimiques d’un acteur qui montre de vrais talents de bruitiste.

Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens