La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien

Barry Douglas

Barry Douglas - Critique sortie Classique / Opéra
Barry Douglas

Publié le 10 janvier 2008

Un artiste politique

La démarche est hautement symbolique. En fondant en 1999 la Camerata d’Irlande, le pianiste et chef d’orchestre Barry Douglas, natif de Belfast, a souhaité réunir des musiciens d’Irlande du Nord et du Sud. Instrumentistes catholiques et protestants se retrouvent dans cet orchestre de chambre, spécialisé dans le style classique. Au Théâtre des Champs-Elysées, ils interprètent fin janvier trois concertos pour piano de Mozart, après avoir gravé l’intégrale de ceux de Beethoven (Satirino records).

 « La scène musicale irlandaise ne se limite pas au crossover celtique et à U2 »
 
Quel est le fonctionnement de la Camerata d’Irlande, dont vous êtes le directeur artistique ?
 
Barry Douglas : Nous donnons chaque année environ quarante concerts, en Irlande du Nord et du Sud, mais aussi à l’étranger. Il est très important pour nous de nous produire à l’international, afin de montrer que la scène musicale irlandaise ne se limite pas au crossover celtique et à U2. Les quarante musiciens de l’ensemble sont irlandais et ont entre vingt et trente-cinq ans. Le problème musical majeur dans ce pays, c’est l’absence de conservatoire supérieur. Les musiciens doués s’exilent… Quant au financement de l’orchestre, il est en grande majorité privé.
 
Qu’est-ce qui vous a amené à diriger ?
 
B.D. : Avant d’être pianiste concertiste, je dirigeais déjà des petits ensembles et des chœurs. Plus tard, je me suis mis à étudier la direction, notamment avec Marek Janowski et Jerzy Semkov. J’ai aussi beaucoup appris en jouant aux côtés de baguettes comme Lorin Maazel ou Kurt Sanderling. Ces musiciens profonds m’ont éduqué.
 
Quelle est votre approche interprétative des concertos de Mozart, dont trois sont au programme de votre concert parisien ?
 
B.D. : Les concertos de Mozart sont comme des petits opéras. Il faut trouver la trame, les personnages. J’ai un peu un rôle de metteur en scène. Il est par ailleurs intéressant de retrouver les couleurs, les respirations de la voix avec les instruments. Même si je n’aime pas trop leurs sons, les interprétations sur instruments anciens m’inspirent en matière d’articulation, de tempo. D’ailleurs, certains musiciens de l’orchestre maîtrisent aussi ce type d’instruments.
 
Au côté de votre travail avec la Camerata, vous continuez une carrière de soliste…
 
B.D. : Je suis surtout connu pour mes interprétations des concertos romantiques : Tchaïkovski, Rachmaninov…. Je continue à les jouer. Mais je ne fais pas que cela. Je donne également de la musique contemporaine, en travaillant notamment beaucoup avec le compositeur polonais Krystof Penderecki.
 
Comment jugez-vous la situation politique actuelle de l’Irlande du Nord ?
 
B.D. : Après quarante ans sous la tutelle complète du Royaume-Uni, l’Irlande du Nord a enfin son propre Parlement. C’est une avancée phénoménale. Mais le problème est aujourd’hui d’ordre économique. Nous n’avons pas le budget pour prendre nous-mêmes des décisions. La culture, et notamment la musique classique, sont menacées. Pour cela, je mène une véritable campagne, en publiant des lettres dans les journaux et en faisant du lobbying.
 
Propos recueillis par Antoine Pecqueur


 
Jeudi 31 janvier à 20h au Théâtre des Champs-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50. Places : 5 à 65 €.

A propos de l'événement


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