Nicolas Jules
Des chansons qui crèvent le silence.
Avignon / 2017 - Entretien / David Ayala
Afin de rendre hommage à son meilleur ami disparu, un homme décide de raconter l’histoire de celui-ci dans un spectacle de théâtre… Sur la scène du 11 Gilgamesh Belleville, David Ayala, Joséphine Garreau et Nicolas Rappo se lancent dans cette pièce en forme de mise en abyme signée par l’auteur Serge Valletti.
Quelles ont été vos premières impressions à la lecture de Baie des Anges ?
David Ayala : J’ai été immédiatement très touché, embarqué, déstabilisé. Valletti va droit au but : la mort, l’amour et surtout l’amitié. Le passage du temps, aussi. Baie des Anges est une pièce qui parle fondamentalement de cette chose : la perte d’un être aimé et la fuite du temps. C’est une pièce sur les fantômes, le théâtre, les fictions, le cinéma… Quand j’ai lu ce texte, j’ai pensé au magicien Cotrone, dans Les Géants de la montagne de Pirandello, mais aussi à l’univers d’Orson Welles. Je tiens également à dire que la découverte de cette pièce n’aurait pas été possible sans la passion d’un producteur hors pair, Faramarz Khalaj, dont la vie a en partie inspiré Serge Valletti.
« Serge Valletti sait faire chanter les ombres, sait manier comme personne le grotesque et le sublime. »
Quelle mise en scène Hovnatan Avédikian a-t-il réalisée à partir de ce texte ?
D. A. : Il a accompli un magnifique travail, qui fait bien ressortir les couleurs de Baie des Anges en orientant le spectacle du côté du polar, du film noir américain, et en donnant toute sa place à l’histoire de femme possédée et dépossédée qui traverse le texte. Hovnatan Avédikian met en lumière la problématique de nos choix de vie, de notre liberté dans un monde violent, un monde qui s’étrangle, qui menace…
Quel regard portez-vous sur l’écriture de Serge Valletti ?
D. A. : Valletti écrit une vraie langue pour les acteurs. Une langue qui a un souffle. C’est l’un des purs poètes de la scène d’aujourd’hui. Il sait faire chanter les ombres, sait manier comme personne le grotesque et le sublime. Dans Baie des Anges, des gens parlent, avec leur bouche, des êtres de chair et de sang. Valletti ne laisse aucune place aux idées planantes ou aux salmigondis intellectualisants. Ce qui m’intéresse le plus, c’est que les divers moments du texte évoquent des univers poétiques concrets et différents. Des univers qui créent des visions, des sensations, des musiques, des vertiges… Cette écriture nous oblige à fixer ces vertiges. Comme au cinéma. Pour ce spectacle, une forte et belle rencontre a eu lieu entre l’auteur, le metteur en scène et nous, les acteurs. Nous avons trouvé, je crois, le lieu et la formule pour fixer ces vertiges sur la pellicule de la scène.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 13h45. Relâche les 11 et 18 juillet. Tél. : 04 90 89 82 63.
Des chansons qui crèvent le silence.