Le Festival de Cannes, un des grands rendez-vous chorégraphiques en France
Sous la direction de Didier Deschamps, le [...]
Danse contemporaine - Critique
Avec Infinétude, Alma Söderberg livre sa création la plus ambitieuse à ce jour : une performance chorégraphique et vocale, une chambre d’écho collective.
Avec Infinétude, la chorégraphe suédoise signe une œuvre originale et radicale, à la croisée du concert chorégraphique et de la polyphonie incarnée. Comme le titre le laisse entendre, la pièce est une étude sensible du lien entre abstraction et affect, entre motif et présence. Une œuvre qui respire, qui invite à devenir plus réceptif, plus poreux, plus humain. Sur un plateau nu, six interprètes (dont la chorégraphe) habillés de noir – danseurs et musiciens – forment un cercle vivant, pulsant, respirant à l’unisson. Leurs voix s’élèvent, non pas pour dire, mais pour sonner : souffles, cris, clics, murmures et chants composent une partition organique, en constante mutation. Le corps devient chambre d’écho, outil percussif, surface d’émotion. Chaque geste est rythme, chaque voix est mouvement.
Rythmes et flamenco
Formée au flamenco et à la danse contemporaine entre Séville, Madrid, Visby et Amsterdam, Alma Söderberg développe depuis plusieurs années une pratique singulière où le corps et la voix ne font qu’un. Elle conçoit la scène comme un espace d’écoute active, où le regard et l’oreille se répondent. Söderberg en extrait la puissance brute, la capacité à traverser toutes les émotions – joie, colère, tristesse, révolte – pour les réinjecter dans une forme contemporaine, sensible et poreuse. Infinétude explore la syncope comme exaltation, le timbre comme mémoire, la mélodie comme résistance. Dans ce flux collectif, les corps chantent et dansent ensemble, dans une écoute active et une attention partagée. Mais, débordant de plus en plus le cadre de ce concert de corps percussifs, la pièce s’attache soudain à chacun des individus présents sur scène, notamment à un solo ébouriffant de Anja Müller, affirmant une esthétique du vivant, du multiple se résumant à un sifflement final. Extrêmement virtuose dans sa réalisation, grâce à des interprètes rompus à plusieurs disciplines, on regrettera néanmoins quelques… infinitudes.
Agnès Izrine
à 20h. Durée : 1h10. Tél. : 01 41 74 17 07. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.
Vu à NEXT Festival, Budascoop, Kortijk, le 11 novembre 2025.