« Le Chemin du wombat au nez poilu » : conte dansé pour une planète blessée
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Le drag king Charlie d’Emilio passe du cabaret au théâtre dans un seul(e) en scène sur la quête de soi. Échos mêle sincérité intime et numéros dansés dans un format hybride qui reste un peu sage quand il bouscule les genres.
Pendant plus confidentiel que le drag queen dans le travestissement spectaculaire, le drag king est une forme de cabaret multiple. Si certains s’appuient sur les stéréotypes virilistes, d’autres, comme Charlie d’Emilio, nom de scène d’Émilie Verheul, cultive davantage l’ambiguïté androgyne. Fardé(e) de blanc avec un maquillage qui dessine une discrète moustache, l’artiste apparaît vêtu(e) d’un costume réversible, d’un côté noir à rayures et fuchsia de l’autre, symbolisant le masculin et le féminin comme l’envers l’un de l’autre. Placé sous les auspices de la danse, qui lui a parfois tenu lieu de mots, le parcours du personnage, vécu par la performeuse comme un prolongement d’elle-même, est d’abord centré sur son propre besoin d’émancipation. Généreux en allitérations et paronomases au point de saturer parfois l’oreille, le texte se trouve corseté par des formules que l’on croirait tirées d’un guide de développement personnel. Évités avec sensibilité dans la caractérisation psychologique, les clichés font un ressac dans l’écriture.
Une justesse intimiste sauvée par la danse
A l’évidence, le récit, avec ses aspirations à jouer avec les assignations genrées, trouve un écho dans le public, et même au-delà de celui directement concerné par les questions queer. Mais il mériterait d’être enrichi de saynètes qui font souvent le sel des numéros de cabaret, et que l’extension du format dilue quelque peu. La justesse sincère et intimiste gagnerait sans nul doute en profondeur et en singularité. C’est dans les vignettes dansées, avec des élans chorégraphiés par Nina Vernin sur des créations pop d’Izae aux rythmes et harmonies très eighties qui ne font pas jurer la citation d’une chanson de l’idole Madonna, que le jeu d’acteur se libère un peu de la gestuelle du témoignage médiatique. De ce premier pas de drag king dans une forme théâtrale prise assez au sérieux, on ressort à la fois touchés et frustrés. On aimerait voir Emilie Verheul faire davantage rayonner les couleurs de Charlie d’Emilio dans une dramaturgie pluridisciplinaire plus festive.
Gilles Charlassier
à 21h30, relâche les mercredis 9, 16 et 23 juillet. Tél. : 04 90 33 89 89. Durée : 0h59.
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