Another look at memory de Thomas Lebrun
Le joli cadeau fait par Thomas Lebrun à ses [...]
Chorégraphe résident à la Maison de la Musique de Nanterre, Fabrice Lambert réunit sept danseurs et un musicien pour une danse intuitive qui convoque nos mouvements fondamentaux.
Malgré son titre un peu performatif, en forme d’agenda, Aujourd’hui sauvage, la création de Fabrice Lambert, s’attache plutôt à nous plonger dans une sorte de va et vient entre intimité et extériorité. Les interprètes débordent même le cadre de scène pour prendre l’air de la salle et la température du public. Les sept « sauvages » ne le sont pas tant, même si parfois ils sont enfermés dans une légère cage de tissu translucide. A la fois très physique et très « sensationnelle », la pièce, illuminée par Philippe Gladieux, joue des clairs-obscurs et des passages de l’ombre à la lumière. Dans ces alternances, le corps se voile ou se dévoile, et les danseurs mêlent leur propre impulsion au flot de la chorégraphie. S’il n’y a ni dents aiguisées, ni griffes acérées, il y a une sorte de chaos, de désordre irrépressible, qui ne peut se calmer qu’au sein de cette enveloppe matricielle, corps bercés aux sons de la musique de Marek Havlicek, tandis que la sauvagerie se déchaîne sous les coups du « percutiste » Benjamin Colin, qui sature l’espace d’heurts et d’impacts.
Lendemains incertains
Au fond, ce que veut nous montrer Fabrice Lambert avec ses souffles de gaze, c’est un monde autour de nous dont la réalité se dissout. Peut-être tout cela n’existe-t-il pas ? Peut-être sous cette machine des apparences y a-t-il en réalité vacance, absence ? Quand ce dispositif irisé se soulève, les interprètes s’incarnent, chair et os bien visibles, sauts enlevés, bras levés, mais aussi sentiment d’urgence qui tord d’un coup les torses et impatiente les jambes. Les mouvements surgissent en pleine liberté, les gestes sont portés à incandescence ou dans l’éther, tout en phrases suspensives, avec les membres qui flottent dans l’air. La scénographie de Sallahdyn Kahtir est somptueuse avec ses fragiles membranes colorées, sa lumière qui se met à danser et nous fait vaciller. On retrouve à travers elle la grotte de Jamais assez, précédente pièce de Lambert, et cette forme d’éternité comme nouvelle ressource d’évasion… Mais aussi l’ombre portée sur notre avenir incertain, comme un impénétrable tain que ne pourrait franchir la clarté du bel « Aujourd’hui ».
Agnès Izrine
à 20h30. Durée 1h00. Tél. 01 41 37 94 20.
Du 6 au 9 février au Centre Pompidou, Paris avec le Théâtre de la Ville Hors-les-Murs et le festival Faits d'Hiver, le 15 février au Théâtre Molière de Sète, scène nationale archipel de Thau, le 7 mars au CCM de Limoges, le 29 mars au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 13 avril au Théâtre des 2 Rives de Charenton-le-Pont dans le cadre de la Biennale du Val-de-Marne.
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