La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -235-colloque

Ateliers arts et territoires

Parallèlement à Valérie Barran, directrice du Tarmac, et Pierre Hivernat, journaliste, fondateur et directeur de la publication L’Alimentation générale, Gentiane Guillot, secrétaire générale de Hors les Murs, et Sandrina Martins, codirectrice du Carreau du Temple, animent deux des quatre ateliers thématiques consacrés à l’art et la culture dans la construction des territoires européens.

Entretien Gentiane Guillot et Sandrina Martins

Publié le 30 août 2015 - N° 235

Parallèlement à Valérie Barran, directrice du Tarmac, et Pierre Hivernat, journaliste, fondateur et directeur de la publication L’Alimentation générale, Gentiane Guillot, secrétaire générale de Hors les Murs, et Sandrina Martins, codirectrice du Carreau du Temple, animent deux des quatre ateliers thématiques consacrés à l’art et la culture dans la construction des territoires européens.

« On a besoin de sortir de la tyrannie de l’immédiateté pour inscrire les projets dans le temps. » Sandrina Martins

« L’appréhension d’une l’altérité et la rencontre des subjectivités sont le terreau de la création. » Gentiane Guillot

Comment des projets artistiques peuvent-ils avoir un impact sur la réalité sociale et culturelle d’un territoire ?

Sandrina Martins : Je crois qu’il y a trois facteurs essentiels à la réussite de ce type de projets. Premièrement, le facteur du temps. Pour avoir des projets artistiques qui ont un impact fort sur les territoires, on a besoin de sortir de la tyrannie de l’immédiateté pour inscrire ces projets dans le temps. Le deuxième facteur est lié à une connaissance approfondie du territoire combinée à une forme d’empathie, de générosité vis-à-vis de ses habitants. Enfin, je crois qu’il faut développer des projets multi-relationnels. Plus il y a de partenaires autour d’un projet, plus le projet est susceptible de porter ses fruits. Il faut ainsi savoir associer à l’artiste et à l’opérateur socio-culturel des commerçants, des associations, des entreprises locales, des établissements scolaires.

De quelle façon les relations avec les publics peuvent-elles nourrir la création ?

Gentiane Guillot : Nombreux sont les artistes œuvrant dans l’espace public qui s’intéressent en premier lieu au territoire, et nourrissent leur écriture de la relation qu’eux-mêmes tissent avec ses habitants. Que cette relation se fonde sur une démarche de collecte de leur histoire, de leurs points de vue, de leur expertise du territoire, sur le partage humain ou sur la collaboration créative (les participants à un projet artistique peuvent en apporter la matière, le support, l’inspiration), l’appréhension d’une l’altérité et la rencontre des subjectivités sont le terreau de la création.

Quels nouveaux modèles économiques et artistiques peuvent résulter de ces projets ?

S. M. : Des modèles de mutualisation des ressources qui associent ressources publiques et ressources privées. Mais pas dans une situations de pis-aller. Il faut que le financement privé soit associé, dès le début, à la démarche artistique. Il est d’ailleurs étonnant de voir à quel point les chefs d’entreprises et les commerçants sont désireux de devenir des acteurs de la transformation de la vie de la cité.

Quel regard portez-vous sur les relations qu’entretiennent les artistes et les élus ?

G. G. : Les artistes et les élus représentent, les uns pour les autres, un univers souvent méconnu, parfois fantasmé. L’artiste à l’ego incontrôlable, imposant sa démarche aux populations comme en territoire conquis ; l’élu instrumentalisant l’intervention artistique à des fins touristiques, sociales, voire électorales : voilà des figures-repoussoirs, certes caricaturales, mais qu’il convient d’avoir en tête au moment de co-construire un projet. Si l’on convoque désormais systématiquement la notion de « rencontre avec les habitants » comme modalité incontournable de travail de l’artiste sur le territoire, il reste beaucoup à faire en termes de rencontre entre artistes et élus.

 

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

 

Culture O Centre, Ateliers de développement culturel, 88, rue du Colombier (entrée boulevard Rocheplatte), 45000 Orléans. Tél. : 02 38 68 28 28. www.cultureocentre.fr

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