Ariane et Barbe-Bleue
À côté de deux réussites des saisons précédentes, Capriccio de Strauss mis en scène par Robert Carsen au Palais Garnier, L’Elixir d’amour de Donizetti monté par Laurent Pelly à l’Opéra Bastille, l’Opéra de Paris propose une nouvelle production du magnifique conte lyrique de Paul Dukas.
Le 10 mai 1907, sur la scène de l’Opéra Comique, Paul Dukas faisait représenter son unique opéra, Ariane et Barbe-Bleue. Comme Debussy quelques années plus tôt pour Pelléas et Mélisande, le compositeur avait porté son choix sur un livret de Maurice Maeterlinck. Si le chef-d’œuvre de Debussy a quelque peu rejeté dans l’ombre la partition de Dukas, il faut se souvenir que cette dernière n’avait alors pas moins séduit les tenants de la modernité musicale, sinon le grand public. Wagnérien sincère, Paul Dukas a su avec Ariane et Barbe-Bleue retenir les leçons du maître de Bayreuth sans étouffer son langage, parvenant à mêler l’héritage du romantisme germanique à une coloration orchestrale que n’aurait pas reniée Debussy. Tout l’opéra est ainsi un jeu de contrastes mettant en valeur la symbolique puissante du livret qui oppose la lumière – Ariane, la hardie, la révoltée – à l’ombre – Barbe-Bleue en son château ; le texte de Maeterlinck inspira aussi bien Bartók pour son Château de Barbe-Bleue. L’œuvre n’avait plus été présentée à Paris depuis une production du Théâtre du Châtelet en 1991 avec Françoise Pollet dans le rôle écrasant d’Ariane. Habituée aux héroïnes straussiennes, Deborah Polaski le reprend aujourd’hui, aux côtés de Willard White, qui était déjà l’an dernier Barbe-Bleue dans l’œuvre de Bartók. La mise en scène est signée Anna Viebrock (décoratrice pour La Traviata, reprise en octobre au Palais Garnier), la direction musicale confiée à Sylvain Cambreling, chef idéal dans ce répertoire.
Jean-Guillaume Lebrun
Les 13, 17, 21, 24, 28 septembre, 2 et 6 octobre à 19h30 à l’Opéra Bastille. Tél. 08 92 89 90 90. Places : 5 à 130 €.