La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Anne-Cécile Vandalem

Arctique

Arctique - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon
Anne-Cécile Vandalem © Phil Deprez

La FabricA / texte et mes Anne-Cécile Vandalem

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Révélée il y a deux ans à Avignon avec un retentissant Tristesses, Anne-Cécile Vandalem propose avec Arctique d’opérer un voyage politique haletant dans les mers glacées du Grand Nord.

Après l’île scandinave de Tristesses, direction la banquise…

Anne-Cécile Vandalem : Oui, l’histoire se passe en 2025 sur l’Artic Serenity, un paquebot de croisière en panne qui doit être remorqué jusqu’au Groenland pour y devenir un hôtel. Sans se concerter, six passagers clandestins y embarquent. Lâché par son remorqueur, le bateau dérive dans les mers du Grand Nord et petit à petit, ces passagers vont découvrir pourquoi ils sont là et comment ils ont été piégés.

Pourquoi situer l’action en 2025 ?

A-C.V. : Pour créer une forme d’anticipation, dans une Europe en guerre, mais aussi parce qu’une grande partie de l’avenir du Groenland va, dans la réalité, se jouer autour de cette date. Notamment avec la question de l’indépendance et celle de la distribution des territoires et ressources à exploiter pour lesquels de nombreux pays ont déjà déposé leurs dossiers.

« L’objectif est de créer un thriller politique et intime. »

Et pourquoi ce choix du Groenland, ancienne colonie danoise de plus en plus autonome ?

A-C.V. : Ce pays est au cœur de la problématique du réchauffement climatique, qui place les habitants dans d’intenses contradictions. Ils m’ont remise à ma place sur la question écologique car le réchauffement constitue une véritable aubaine pour eux, pour le développement de leur économie, via l’exploitation de leurs territoires libérés par les glaces, qui regorgent de richesses. C’est très important aussi dans la perspective de leur indépendance. Mais, en même temps, ils pressentent que ce n’est pas eux qui vont profiter de ce développement économique, si bien qu’ils sont très divisés sur ces questions.

C’est aussi un territoire d’une forte puissance symbolique…

A-C.V. : Oui. C’est un réservoir d’imaginaire pour moi depuis longtemps, qui à cette occasion est devenu une réalité concrète. Mais, comme l’arrogance de l’Homme ne s’arrête pas et ne s’arrêtera devant rien, il est en train d’envoyer ses paquebots, tellement vulgaires, dans des territoires jusque-là vierges. Aujourd’hui, il n’y a plus d’endroit inaccessible pour l’Homme sur Terre, et le risque, par conséquent, c’est qu’il n’y ait plus de place non plus pour l’imaginaire.

Comment cette histoire de dérive dans l’Arctique sera-t-elle mise en scène ?

A-C.V. : Je reprends le dispositif de Tristesses en poussant encore plus loin la dimension cinématographique. La salle principale du bateau sera visible sur le plateau. On aura accès aux couloirs, aux cabines, aux coursives, et aussi au passé des personnages par l’intermédiaire de deux caméras. Je veux élargir le langage du théâtre en le complétant par les possibilités qu’ouvre le langage cinématographique, en travaillant sur les codes du thriller. Il y aura également dans ce bateau un orchestre à la présence fantomatique qui jouera en direct. L’objectif est de créer un thriller politique et intime où le dévoilement progressif du passé permet petit à petit de comprendre le présent.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Arctique
du mercredi 18 juillet 2018 au mardi 24 juillet 2018


à 18h, relâche le 21. Tel : 04 90 14 14 14. Durée : 2h.

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