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Odile Coupez met en scène la réécriture du mythe d’Antigone par l’autrice canadienne Anne Carson. Une révolte qui fait écho aux préoccupations actuelles.
En quoi cette version du mythe d’Antigone se distingue-t-elle particulièrement du mythe originel ?
Odile Coupez : Anne Carson a réalisé un geste tout à fait innovant dans sa façon d’aborder le mythe. À partir du texte de Sophocle et en conservant sa structure antique, elle a éliminé certains passages et mis l’accent sur d’autres. La parole gagne alors en efficacité et le combat d’Antigone résonne avec nos enjeux actuels. Par exemple, la réflexion sur le religieux laisse place à une réflexion autour de la philosophie d’Hegel et de Hannah Arendt. Antigone suit une intuition raisonnée qui creuse une brèche entre elle et le système de pensée de Créon dominé par la manipulation et l’état d’exception. Cette version met l’accent sur l’instant où la continuité se brise pour laisser le changement s’y engouffrer. Antigone, c’est cette jeune femme qui découvre sa puissance à l’instant où elle écoute son intuition. Elle sait viscéralement ce qui doit être fait pour elle et pour son frère. À l’instant où elle sort de ce que représente la loi pour Créon, elle se retrouve face à une infinité de possibles et de remises en question qu’elle n’imaginait pas. Le sursaut de son combat apparaît avec la perte de son frère, qui entraîne sa déconstruction féminine.
Quels sont les axes directeurs de votre mise en scène ?
O.C. : Le dispositif scénique se divise en deux axes qui polarisent le monde des vivants et celui des morts, dans une exposition quadri frontale. Cette dualité se retrouve dans les traitements des décors et des costumes. Les matières organiques telles que la terre contrastent avec la surabondance de câbles, reflet de la technologie apportée par le nouvel ordre de Créon. Le Chœur a une place importante, il est le relais entre le public et les personnages, comme celui qui assiste presque impuissant à la situation. Comme autrefois, il est ici mis en musique. Les morceaux d’inspiration électro-acoustique composés pour la pièce sont joués en live. Jouer Antigone aujourd’hui, c’est remettre sur scène la tragédie de la révolte, l’affirmation du sujet libre face à la machine broyeuse de l’État. C’est donner de la puissance aux voix des femmes.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 13h10. Relâche le mercredi. Tél. : 04 84 51 09 11. Durée : 1h20.
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