La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Alice traverse le miroir de Fabrice Melquiot d’après Lewis Caroll, mis en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota

Alice traverse le miroir de Fabrice Melquiot d’après Lewis Caroll, mis en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Ville - Espace Cardin
Alice (Isis Ravel) dans le jardin des fleurs vivantes © Jean-Louis Fernandez

de Fabrice Melquiot d’après Lewis Caroll / mes Emmanuel Demarcy-Mota

Publié le 19 décembre 2019 - N° 283

Emmanuel Demarcy-Mota et Fabrice Melquiot poursuivent leur compagnonnage avec l’héroïne de Lewis Caroll. Un superbe livre d’images doublé d’un hommage appuyé à d’autres fillettes de la littérature enfantine comme Dorothy du Magicien d’Oz et Zazie de Raymond Queneau.

Que se passe-t-il de l’autre côté du miroir ? Que devient l’espace ? Que devient le temps ? Moins connue qu’Alice au pays des merveilles, la suite écrite par Lewis Caroll en 1871 aborde pourtant des questions vertigineuses, anticipant – la fameuse prescience des artistes ! – les conclusions paradoxales auxquelles arriveront bientôt un certain Albert Einstein et quelques autres physiciens grâce à la théorie de la relativité. Dans le monde d’Alice traverse le miroir, adapté par Fabrice Melquiot du conte de Lewis Caroll, les repères les plus élémentaires se retrouvent ainsi bouleversés : pour s’éloigner de quelqu’un, il faut s’en rapprocher, pour rester sur place, il faut courir très vite, et on peut même se souvenir du futur ! En introduisant Dorothy, le personnage du Magicien d’Oz, petite sœur littéraire d’Alice, le vertige est encore accentué puisque comme dans La Rose pourpre du Caire de Woody Allen, l’héroïne de Lewis Caroll plonge littéralement dans le film. Dans ce jeu de chamboule-tout, le langage lui-même est soumis à des distorsions, ce dont rend compte une des scènes les plus drôles du spectacle avec Humpty-Dumpty, le gros œuf de la chansonnette anglaise, ou la présence de Zazie, le personnage inventé par Raymond Queneau.

Un enchantement pour les yeux

Si les apports modernes ne sont pas toujours convaincants, tel ce troisième avatar d’Alice appelé « Rose Dupont », qui pourrait, selon Emmanuel Demarcy-Mota « être une nouvelle Alice du XXIe siècle », et si la forme l’emporte un peu sur le fond, cette nouvelle création du directeur du Théâtre de la Ville est un enchantement pour les yeux. Le jardin des fleurs vivantes, l’échiquier géant, la Reine rouge, la Reine blanche, et bien sûr le fameux Lapin blanc, se déploient dans un univers aussi féerique qu’onirique. Les lumières ciselées à la Bob Wilson, les costumes inspirés de Fanny Brouste, les maquillages inventifs de Catherine Nicolas contribuent à la magie du spectacle, sans oublier l’excellente troupe d’acteurs du Théâtre de la Ville, emmenée par la dynamique Isis Ravel dans le rôle-titre. Un livre d’images qui n’a rien de compassé, grâce à la vitalité et l’humour présents jusque dans la bande-son, d’Over the Rainbow à Space Oddity. Nul doute que ce voyage au pays des rêves séduira les petits comme les grands.

Isabelle Stibbe

 

A propos de l'événement

Alice traverse le miroir
du samedi 14 décembre 2019 au dimanche 12 janvier 2020
Théâtre de la Ville - Espace Cardin
1 avenue Gabriel 75008 Paris.

Alice en intégrale, Alice et autres merveilles suivi d’Alice traverse le miroir les samedis 28 décembre 2019 et 11 janvier 202 à 14h30 et 17h & les dimanches 29 décembre et 12 janvier 2020 à 11h et 14h. Tél. : 01 42 74 22 77. Durée 1h15. À partir de 8 ans.

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