Ensemble au Festival d’Avignon, rencontre avec Tiago Rodrigues
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Avignon / 2025 - Entretien / Ali Chahrour
Ali Chahrour convie sur scène trois femmes qui par leurs danses, leurs récits et leurs chants entrent en résistance contre un système qui, au Liban, soumet les travailleuses migrantes à un esclavagisme moderne.
Comment est née cette pièce ?
A.C. : Fin septembre 2024, alors que je tentais d’échapper aux bombardements israéliens avec mes proches, des familles libanaises qui pouvaient se permettre de voyager ont fui le pays, laissant derrière elles leurs femmes de ménage : des travailleuses domestiques migrantes piégées par le système de la kafala, qui les asservit à un système esclavagiste. Certaines ont été enfermées chez leurs employeurs sous d’intenses bombardements et sont mortes. D’autres ont été abandonnées sur le front de mer de Beyrouth, sans passeport ni argent. Elles ont vu la mer pour la première fois de leur vie au milieu du chaos de la guerre. C’était un moment suspendu entre la terreur d’un pays et une fugace lueur de bonheur. Ce contraste brutal est devenu le point de départ de cette création.
Qui sont vos trois interprètes et comment les avez-vous rencontrées ?
A.C. : Mon équipe et moi avons refusé d’arrêter de travailler pendant la guerre. La création est notre outil de résistance contre les bombes qui se sont abattues sur nous incessamment pendant deux mois. Nous avons commencé nos recherches au cœur de cette destruction. Nous avons rencontré des femmes qui vivent encore sous le système de la kafala et d’autres qui y ont survécu, des femmes qui portaient des blessures dans leur corps, dans leurs récits, dans leurs silences. Chaque rencontre était une victoire fragile sur la peur, un espace sacré où nous pouvions les écouter. Nous avons choisi de travailler avec trois d’entre elles qui pouvaient séjourner légalement au Liban et voyager librement. Pour toutes trois, c’est leur première expérience professionnelle sur scène. Leur courage ne réside pas seulement dans le fait de raconter leurs histoires : il consiste à oser s’aventurer dans l’inconnu, à revendiquer un espace qui ne leur était pas destiné. Ces femmes portent sur scène les voix, le chagrin et les rêves de toutes celles que nous avons rencontrées. Chaque mouvement, chaque mot, chaque note est un hommage à leur résilience, à leurs premiers pas vers la lumière et aux combats qu’elles continuent de mener.
Propos recueillis par Delphine Baffour
à 13h. Tél. 04 90 14 14 14. Durée : 1h10.
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