La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Alain Mollot

Alain Mollot - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 novembre 2009

Descente dans les mystères de l’humain

Le directeur du Théâtre de la Jacquerie adapte et met en scène La Fin d’une liaison, de Graham Greene. Créée à la Scène Watteau, cette énigme amoureuse voyagera, durant plusieurs mois, sur de nombreuses scènes d’Ile-de-France.

Vous avez fondé le Théâtre de la Jacquerie en 1975. A quel territoire théâtral appartient cette compagnie ?
Alain Mollot : A travers diverses périodes qui ont vu son organisation évoluer, la Jacquerie s’est attachée à créer un théâtre de projets qui entraînent les gens dans des aventures dépassant le simple stade de spectacles. Comme son nom l’indique, notre compagnie se rapproche de l’idée de révolte. Nos projets se tournent très souvent du côté des humbles. C’est là d’où je viens. Je ne sais pas vraiment parler des puissants, je ne les connais pas assez bien ! L’une de nos premières créations était Tit Bonhomme l’est pas très mort, de Jean-Pierre Chabrol, auteur qui nous a accompagnés durant quelques années au début de notre histoire. Il s’agissait d’une pièce sur la paysannerie. D’une certaine façon, ce spectacle caractérise assez bien le parcours de la Jacquerie : parler des petits hommes, de tous ceux qui, à un moment ou un autre de leur vie, sont vulnérables.
 
Travaillez-vous à un théâtre militant ?
A. M. : Non. L’histoire de la Jacquerie est faite d’une toile de fond sociale, mais je n’ai jamais souhaité enfermer notre théâtre dans le militantisme, élaborer des spectacles qui soient vraiment politiques. Je me méfie beaucoup de la militance, qui parfois déforme le réel au profit des idées. 
 
« On est dans la tête de cet amant délaissé, dans sa folie, dans sa violence. »
 
Votre dernière création, La Fin d’une liaison, possède-t-elle une dimension sociale ?
A. M. : Non, ce spectacle n’a rien à voir avec la ligne habituelle de la Jacquerie. J’ai lu le roman de Graham Greene et il m’a captivé. La Fin d’une liaison rejoint des choses très personnelles, des bouleversements que j’ai vécus dans ma vie. C’est l’histoire d’un homme qui, dans le Londres des années 1940, en pleine seconde guerre mondiale, s’éprend passionnément d’une femme mariée. Et, du jour au lendemain, celle-ci l’abandonne sans lui donner aucune explication. Cet homme engage alors un détective privé pour éclaircir le mystère de cette séparation.
 
Votre mise en scène est centrée sur les souvenirs de cet homme…
A. M. : Oui. L’histoire est racontée à la première personne. On est dans la tête de cet amant délaissé, dans sa folie, dans sa violence. Au sein d’un décor d’obscurité et de lumières, le présent va éclairer le passé et révéler un puzzle inattendu d’amour et de haine. Pour ce voyage dans cette mémoire et ces fantasmes, j’ai demandé à Jean-Pierre Lescot, grand spécialiste du théâtre d’ombres, de collaborer à la scénographie. J’aime beaucoup lorsque le théâtre transpose sur scène l’esprit du cinéma. C’est ce que j’ai voulu faire pour ce nouveau projet. Cela sans utiliser la vidéo, en se servant seulement d’ombres chinoises et de décors projetés qui s’animent parfois en séquences.
 
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


La Fin d’une liaison, d’après le roman de Graham Greene ; adaptation et mise en scène d’Alain Mollot. Du 10 au 14 novembre 2009 à 20h30, le 15 novembre à 16h. A La Scène Watteau, place du Théâtre, 94736 Nogent-sur-Marne. Tél : 01 48 72 94 94. Reprise les 21 et 22 novembre 2009 au Théâtre de Saint-Maur, du 26 au 29 novembre au Centre des Bords de Marne au Perreux, le 3 décembre au théâtre de Cachan, le 5 décembre au NECC de Maisons-Alfort, du 8 au 18 décembre au Théâtre des Quartiers d’Ivry, le 8 janvier 2010 au Théâtre Jean-Arp de Clamart, le 19 janvier au Théâtre Firmin-Gémier d’Antony, les 21 et 22 janvier à l’ABC de Dijon, le 26 janvier au Théâtre de Morteau, le 29 janvier au Centre culturel Aragon Triolet d’Orly, du 4 au 19 février au Théâtre Romain-Rolland de Villejuif.

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