AFFREUX, BÊTES ET PÉDANTS
Théâtre GiraSole / texte et jeu Julien Buchy, Anthony Courret, Noémie Guedj, Jérémie Le Louët, David Maison / mes Jérémie Le Louët
Publié le 23 juin 2014 - N° 222Satire foisonnante et mordante menée tambour battant, le spectacle de la compagnie des Dramaticules braque une loupe scrutatrice sur le monde du théâtre.
Après avoir porté à la scène des œuvres littéraires, les membres de la compagnie des Dramaticules signent collectivement le texte de ce spectacle, sous-titré « une satire de la vie culturelle française ». Ce courageux et ambitieux spectacle explore diverses facettes du monde du spectacle vivant et décortique sur le mode de la satire acérée les relations entre l’art et le public, entre l’artiste et le directeur de structure, entre les comédiens et le metteur en scène. Dur métier que celui d’artiste ! La régie sur le plateau, quelques rares accessoires, une caméra et un écran en fond de scène, la vidéo jouant souvent d’effets de miroir : on vous montre tout ! La scène inaugurale s’assène comme un coup de poing : Jérémie Le Louët fait entendre Le Manifeste du futurisme (1909) de Filippo Tommaso Marinetti. Tabula rasa ! Ce texte révolutionnaire et flamboyant exalte la violence, l’agressivité et la fièvre du mouvement (tout pour finir dans la gueule du fascisme). Jérémie Le Louët le clame et le vocifère avec la maestria qu’on lui connaît.
Metteur en scène tyrannique
Lumière dans la salle. Exit le poète sublime et furieux. L’exigence radicale et provocatrice cède la place au micro qui circule, place à notre petit monde. Se succèdent alors diverses séquences : un débat avec les spectateurs commentant cette scène inaugurale (parmi nous sont installés deux comédiens : l’un prof de français féru de théâtre, l’autre consommateur de télé), une présentation de saison, l’entrevue entre un artiste et un programmateur (monstre masqué !), la répétition à la table de l’acte I scène 3 de Phèdre, avec un metteur en scène tyrannique (Jérémie Le Louët of course) qui pète un câble. Ancré dans le réel, pétri d’autodérision et de grotesque, maniant clichés et stéréotypes, le spectacle évoque l’acte de création dans ses dimensions économiques, artistiques et bien sûr humaines ; et sous le rire se laissent voir toute la fragilité, toutes les difficultés et les peurs. La compagnie des Dramaticules prouve une fois de plus son inventivité et sa virtuosité : ils savent être… et paraître !
Agnès Santi
A propos de l'événement
AFFREUX, BÊTES ET PÉDANTSdu vendredi 4 juillet 2014 au dimanche 27 juillet 2014
Théâtre Girasole
24 Rue Guillaume Puy, 84000 Avignon, France
Du 4 au 27 juillet à 22h30. Tél : 04 90 82 74 42. Durée : 1h45.