Van Dinther chez Cullberg
Ce chorégraphe conjugue son retour au [...]
Noir. Applaudissements. La danseuse revient sur scène et salue. Que se passe-t-il à ce moment précis ?
Adieu et merci : c’est le titre, en 1942, d’un solo avec lequel Mary Wigman, figure majeure de la danse expressionniste allemande, entend tirer sa révérence. Mais qu’est-ce que « tirer sa révérence » sur scène ? Quel est cet acte – ce code – précis par lequel l’artiste, une fois la représentation finie, vient s’offrir encore à la vue, aux remerciements, aux huées parfois, pour saluer, dire « adieu et merci » ? Est-on encore dans le temps du spectacle ? Du quotidien ? Du rituel ? Quels enjeux, quels affects, quels rapports de pouvoir et de séduction investissent ce moment, très spécial, qu’est le salut ?
Citations et diffractions
Latifa Laâbissi, pour interroger ce code, en révéler l’étrangeté et le potentiel, fait plus que l’expérimenter elle-même : elle endosse les identités multiples des danseurs et performers qui l’ont précédée, et reproduit, réinvente, ou fictionne leurs façons de prendre congé des spectateurs. Elle se livre, à partir de ces foules de danseurs, à une reprise indéfinie d’adieux, de la révérence du ballet classique aux saluts les plus contemporains. Elle nous fait ainsi cheminer dans des codes de l’ « être en scène », des présences différentes, nous invitant à goûter des rapports au public on ne peut plus variés, relevant de postures politiques et esthétiques contrastées – et nous livrant, par là même, une fascinante histoire de la danse.
Marie Chavanieux
Ce chorégraphe conjugue son retour au [...]