Edgar Paillettes
Fruit d’une collaboration entre la compagnie [...]
Frédérique Keddari-Devisme imagine la lettre d’adieu de Marthe à Christophe, interprétée par l’incandescente et bouleversante Elisabeth Mazev : une agonie suicidaire verre après verre.
« Je voulais y arriver, m’appartenir et trouver ma place. Je ne voulais pas te faire tout ce mal, je ne voulais pas et puis oui, et puis oui je voulais que tu meures. Oui je voulais qu’on y aille tous les deux dans la mort comme Roméo et Juliette. Mais ce n’est pas Roméo et Juliette, c’est Marthe et Christophe, Marthe et Christophe mis en bouteille à la propriété ! » Discret, honteux, apparemment jovial mais fondamentalement désespéré, l’abus des psychotropes millésimés est rarement avoué, et l’est d’autant moins que les femmes, et pire encore, les mères, s’y adonnent… Marthe est de celles-là pour lesquelles vivre n’est pas une évidence et dont l’existence a besoin d’étais pour tenir droite.
Descente aux enfers
Mais les étais choisis par Marthe la font tituber derechef, et dans le texte écrit par Frédérique Keddari-Devisme, elle fait le récit « de son inexorable descente aux enfers, de ses luttes vaines contre l’addiction, de ses rémissions, des cures, des rechutes et de leurs espoirs déçus ». Elisabeth Mazev, actrice impériale, prête son art sagace de l’interprétation à ce personnage complexe, confite et déconfite, courageuse et lâche, lucide et aveuglée. Comme l’avouait Marguerite Duras, « si vous avez à me définir, je pense que c’est là qu’il faudrait me chercher, dans ce pari que j’ai pris contre moi-même de défaire ce que j’ai fait ; c’est ce que j’appelle avancer, de détruire ce que j’ai fait »…
Catherine Robert
à 11h (relâche les 10, 17 et 24 juillet). Tél. : 04 32 76 24 51.
Fruit d’une collaboration entre la compagnie [...]