Lucie Berelowitsch met en scène « Vanish », un texte de Marie Dilasser
Dans Vanish, écrit par Marie Dilasser en [...]
Avec sa mise en scène de 7 minutes de Stefano Massini, Maëlle Poésy amène le monde ouvrier sur la scène. La rencontre opère à merveille : portée avec finesse par onze comédiennes du Français, la partition chorale de l’auteur italien nous est offerte dans toute sa subtilité.
Elles tournent en rond, trépignent. Au centre d’un dispositif bifrontal, sur un plateau qui évoque plus qu’il ne le représente le lieu de pause d’une usine – ni machine à café ni même chaises dans ce décor, mais d’un côté une table et un tableau blanc ; de l’autre un espace de stockage –, les dix comédiennes de la Troupe de la Comédie-Française mises en scène par Maëlle Poésy ont l’air d’être là depuis des heures. Avant même le premier mot, elles mettent sous tension la pièce 7 minutes de l’Italien Stefano Massini, connu pour son théâtre abordant sans détours le politique, pointant les dérives du système capitaliste. À leurs manières d’attendre, différentes pour chacune mais dirigées vers la même porte derrière laquelle se trouve la onzième actrice de la distribution (Véronique Vella), elles campent dans un même geste des individualités et un collectif. Elles nous proposent ainsi une immersion dans les coulisses d’une usine de tissu, Picard & Roche, au moment de son rachat. Inspirée d’une histoire vraie – la lutte menée par les ouvrières de la marque de lingerie Lejaby en 2010, contre un plan social –, la pièce de Massini offre à ses interprètes une partition chorale dont l’originalité première est d’être composée des paroles les moins entendues du monde ouvrier : celle des femmes qui revendiquent leurs droits, qui demandent le respect de leur dignité.
Paroles à tisser
Le huis clos commence vraiment lorsque la porte au centre de toutes les attentions s’ouvre pour laisser entrer Blanche, la porte-parole du comité d’usine formé par toutes les protagonistes de la pièce. Verdict ? À l’issue d’une réunion de plusieurs heures dont on ne saura presque rien, les « costards-cravates » de la nouvelle direction annoncent à Blanche leur décision : tous les emplois seront conservés, à une seule condition, que chacune des 200 ouvrières de l’usine de textile accepte de renoncer à sept des quinze minutes de leur pause déjeuner quotidienne. Au départ, Blanche est seule contre toutes à vouloir voter contre la proposition. Au cours d’un débat dont les termes se précisent et se transforment au fil de l’heure quarante que dure la représentation, plusieurs la rejoignent. Sous la direction de Maëlle Poésy, les onze membres de la troupe excellent à porter cette pensée en mouvement. Incarnant des femmes d’âges et d’origines divers, plus ou moins soucieuses du collectif, plus ou moins armées pour penser la situation, Véronique Vella, Sylvia Bergé, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Élise Lhomeau, Élissa Alloula jouent 7 minutes comme il doit l’être : comme un drame de la parole, plus encore que comme un drame social. Elles se saisissent pleinement des possibles offerts par la diversité des voix qui se côtoient et souvent se heurtent dans la pièce. Elles les creusent, et invitent le spectateur à les rejoindre dans cette riche entreprise.
Anaïs Heluin
du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 18h. Tél. : 01 48 13 70 00. Durée : 1h35. www.tgp.theatregerardphilipe.com
Dans Vanish, écrit par Marie Dilasser en [...]
Monologue tragi-comique d’une fille qui ne [...]
Le metteur en scène Christophe Hatey, lié de [...]