« Barbara (par Barbara) » : Marie-Sophie Ferdane et Olivier Marguerit font le portrait d’une Barbara loin des clichés, mise en scène par Emmanuel Noblet
Dirigés par Emmanuel Noblet, Marie-Sophie [...]
Double réécriture : celle de Ionesco qui réinvente la tragédie shakespearienne, celle de Jérémie Le Louët et des Dramaticules qui revisitent leur mise en scène de 2005, dans un monde où la mécanique du pouvoir s’avère une préoccupation majeure. Le geste d’une compagnie particulièrement talentueuse, en dialogue avec l’histoire du théâtre, et avec sa propre histoire.
Qu’est-ce qui vous a motivé à reprendre cette pièce créée en 2005 ?
Jérémie Le Louët : Nous étions arrivés à la fin d’un cycle, et avons ressenti collectivement le besoin d’une rupture. Suite aux créations Don Quichotte (2016), Hamlet (2018), Pinocchio (2020), puis La Montagne cachée (2023), nous nous sommes interrogés sur ce qu’on pouvait faire afin de régénérer notre pratique. Nous avons décidé de revenir à Macbett, comme pour nous débarrasser de tout superflu, de toute sophistication technique, en allant à l’essentiel : un théâtre de tréteaux, un texte, une équipe de comédiens et comédiennes qui ont l’habitude de travailler ensemble. C’est une sorte de revisitation. Cependant, pour ce spectacle très ancré dans nos corps, personne ne joue les mêmes rôles qu’à la création. Macbett fut notre première étincelle : c’est avec ce spectacle que nous avons appris notre métier, que nous avons connu nos premières exaltations, nos premières tournées. Il est émouvant pour nous de réinterpréter un texte qui nous a tant marqués. Nous avons retraversé toutes les questions esthétiques, dramaturgiques et philosophiques activées par le texte. C’est très régénérant.
De quelle manière Ionesco s’empare-t-il de la pièce de Shakespeare ?
J. L.L: La pièce n’est pas une parodie, mais une opération critique sur le mythe. C’est l’unique fois où Ionesco entreprend un exercice de réécriture d’une pièce, et il choisit Shakespeare, à qui il voue une admiration totale. Les motifs sont les mêmes : ambition, domination, barbarie ; le plus brutal, le plus fanatique, le plus narcissique accède inexorablement au pouvoir. Ionesco nous raconte les destins extraordinaires de gens sans grandeur. Macbett est un anti-héros et sa tragédie est une farce sarcastique. Ionesco y interroge la mécanique du pouvoir, mais aussi la force du théâtre. Il a déjà en 1972 écrit ses plus grandes pièces. Avec cette réécriture de Macbeth, Il se demande si le théâtre sert à quelque chose, s’il peut changer le monde, aider à une prise de conscience, à une remise en cause critique des comportements, des politiques, des idéologies… Il n’a aucune réponse à apporter, mais on le voit travailler, on le voit chercher : il met en jeu une espèce de traversée de l’histoire du théâtre, où se succèdent une multitude de registres, une multitude de mécanismes, dans un déferlement verbal « tragi-ubuesque ».
Comment le texte résonne-t-il aujourd’hui ?
J. L.L: La pièce nous paraît plus nécessaire encore. Elle résonne bien plus fort qu’en 2005 ! Les sociétés changent, les pulsions humaines demeurent les mêmes… Certains éléments qui pouvaient paraître caricaturaux ne le sont quasi plus, et de nouveaux échos, parfois évidents, apparaissent. Nous vivons dans un monde fracturé, marqué par plusieurs guerres, par des rapports de force puissants, avec des dictatures, des théocraties, des gens endoctrinés. Depuis 2005, nous avons beaucoup expérimenté, et recréer cette pièce est une manière pour nous d’interroger nos métiers, ce qu’est le pouvoir du théâtre, la théâtralité. C’est une pièce dans laquelle il y a des fantômes : ceux de Shakespeare, de Ionesco, mais aussi les fantômes des artisans que nous étions quand nous avions 20 ans de moins. Discuter avec ces fantômes, cela fait naître beaucoup de controverses, de passion, et d’émotion.
Propos recueillis par Agnès Santi
Tournée
Théâtre Jacques Prévert, 134 av. Anatole France, 93600 Aulnay-sous-Bois. Le 7 novembre à 20h30. Tél : 01 58 03 92 75. Espace Sorano, 16 rue Charles Pathé, 94300 Vincennes. Le 15 novembre à 20h. Tél : 01 43 74 73 74. Le Colombier à Ville d'Avray, le 21 novembre à 20h30. Tél : 01 47 50 35 41. Théâtre des Arcades à Buc, le 27 novembre à 20h30. Tél : 01 39 20 71 37. Le Moustier à Thorigny-sur-Marne, le 29 novembre à 20h30. Tél : 01 60 07 89 28. Théâtre de Châtillon, 3 rue Sadi Carnot, 92320 Châtillon. Du 1er au 6 décembre, du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h. Tél : 01 55 48 06 90. Tournée jusqu’en février 2026. Spectacle créé le 4 novembre à Espace Michel Simon à Noisy-le-Grand
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