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Danse - Entretien

La création s’invite dans les monuments nationaux

La création s’invite dans les monuments nationaux - Critique sortie Danse Paris Centre des Monuments Nationaux

Centre des Monuments Nationaux / spectacle vivant

Publié le 28 janvier 2015 - N° 229

Le Centre des Monuments Nationaux gère, conserve, restaure, ouvre à la visite et anime  une centaine de monuments propriétés de l’Etat, des abbayes aux sites archéologiques, du Mont-Saint-Michel au Panthéon. Président de l’établissement public depuis trois ans, Philippe Bélaval a mis en place et développé la programmation de spectacle vivant au sein des monuments, avec cette année une nouveauté : la danse ! Synergie, enrichissement et émotions renouvelées…

Quels sont les intérêts de la programmation de spectacle vivant au sein des monuments nationaux ?

Philippe Bélaval : Cette programmation correspond à nos missions et permet de mettre en œuvre et fortifier plusieurs atouts. Elle s’inscrit dans notre mission de transmission du patrimoine, en reliant le passé, dont le patrimoine est l’héritage, et le présent, à travers la création des plasticiens,  musiciens, artistes de théâtre, de danse, de cirque. Ensuite, les artistes apprécient de jouer dans ce cadre renouvelé et ressentent un supplément d’âme, quelque chose de fort, à l’idée de créer dans ces lieux uniques, et réciproquement, leur prestation confère à la contemplation du monument un relief particulier grâce à l’émotion artistique ; c’est vraiment un enrichissement à la visite. Ecouter une lecture de George Sand dans sa maison à Nohant est une expérience spéciale ! Et cette programmation est une animation qui fait venir dans les monuments des gens qui n’y viendraient pas autrement, et peut-être reviendront. Tout le monde a à gagner à ces rapprochements, lorsque je suis arrivé il y a trois ans, nous avons mis en place des lectures et des concerts, et progressivement nous développons d’autres axes.

Comment les programmations sont-elles conçues ?

P. B. : Elles peuvent être liées à des commémorations, comme cette année celle de François 1er, sacré Roi de France en 1515, avec plusieurs concerts au Château de Rambouillet, au Palais du Tau à Reims, etc.  Nous programmons aussi des concerts en partenariat avec l’orchestre de Paris, dont les solistes interviennent dans une dizaine de nos monuments. Et nous développons diverses lectures. MotsNus, projet phare du programme de lectures, s’inscrit dans notre partenariat avec la Comédie-Française au Panthéon. Nous avons mis en oeuvre un cycle de lectures par des comédiennes du Français, comme une manière d’y faire entrer symboliquement les femmes écrivains : George Sand, Colette, Simone de Beauvoir… A l’automne dernier, des lectures de Jaurès ont eu lieu, et en mai se tiendront plusieurs séances de  lectures des écrits des quatre personnalités qui vont entrer au panthéon le 27 mai : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, par les sociétaires Clément Hervieu Léger et Florence Viala. Nous avons initié ce partenariat avec Muriel Mayette, Eric Ruf souhaite le poursuivre et j’en suis enchanté ! Je voudrais en 2016 pouvoir au-delà des lectures montrer des spectacles de la Comédie-Française adaptés aux conditions des monuments. Nous sommes en train d’élaborer un projet. Nous travaillons aussi avec le Théâtre de l’Odéon, avec par exemple cette année Jean-Damien Barbin, que j’aime beaucoup, au Château de Châteaudun. Et pour la première fois, nous franchissons un pas supplémentaire avec la danse.

« Nos monuments sont des lieux de rencontre et de partage, d’émotion et de rassemblement. »

Pourquoi la danse ?

P. B. : Beaucoup de chorégraphes aiment travailler dans l’espace public, et l’espace monumental propose un cadre intéressant. Divers artistes ont réfléchi sur les thèmes de la mémoire et de l’héritage, que le mouvement peut activer et éclairer de façon originale. Tout est parti d’un projet soumis par Nathalie Pernette autour du gisant, figure qui la fascine dans son immobilité et son horizontalité. Grâce à un partenariat avec la scène nationale de Mâcon, nous allons suite à une résidence de un an programmer en juin le spectacle Une Pierre presque immobile à l’Abbaye de Cluny, qui sera repris à la Basilique Saint Denis et au Monastère Royal de Brou. Thomas Lebrun a également conçu un projet destiné aux monuments, Où chaque souffle danse nos mémoires, à découvrir en septembre au Château de Azay-le-Rideau, au Château de Châteaudun et au Palais Jacques Cœur de Bourges. Le projet Cavale de Yoann Bourgeois sera proposé face à de vastes horizons, au Mont Dauphin et à La Turbie. Enfin, Radhouane El Meddeb présentera Heroes au Panthéon les 14 et 15 avril prochains, un projet très fort dans le contexte actuel, sur la figure du héros et la résistance aux idées préconçues. La forme créée au Panthéon sera prolongée par une pièce présentée à l’automne 2015 au CentQuatre. Radouane a sélectionné une dizaine de danseurs venus s’entraîner au CentQuatre, unis ici dans un même projet dans un lieu emblématique des valeurs de la République. Nos monuments sont des lieux de rencontre et de partage, d’émotion et de rassemblement, et cet acte chorégraphique fédère et questionne publics et artistes.

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Quand l’art relie passé et présent
du mardi 14 avril 2015 au mardi 15 septembre 2015
Centre des Monuments Nationaux
Hôtel de Sully, 62 Rue Saint-Antoine, 75004 Paris, France

Tél : 01 44 61 21 50. centredinformation@munuments-nationaux.fr

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